Pierre Bayard, professeur en mystification
Quoi ?! Vous ne connaissez pas Pierre Bayard ? J’ai découvert ce professeur de littérature française exerçant à l’Université de Paris VIII et psychanalyste, il y a quelques années, avec ses pseudo-romans qui tendaient à prouver que des auteurs célèbres de récits policiers avaient dupé leurs lecteurs via une explication sujette à caution, voire carrément mensongère. Par exemple, à partir du roman policier d’Agatha Christie Le meurtre de Roger Ackroyd, il « prouvait » dans les dernières pages que l’assassin de ce récit n’était pas le narrateur (déjà un exploit unique de Dame Agatha), le docteur Sheppard, médecin à King’s Abbot. Mais que le véritable assassin était... sa sœur Caroline, une simple pipelette pas du tout sanguinaire !
Tout cela démontré brillamment, même si le lecteur est bien conscient d’avoir été emmené en bateau. Le même procédé a servi pour les Dix petits nègres, du même auteur, encore plus compliqué. Mais Bayard a aussi exercé son talent sur Hamlet, drame de Shakespeare, et sur Le chien des Baskerville, de Conan Doyle.
Or Bayard a visé d’autres cibles. Ainsi, il a écrit une démonstration sur les sujets paradoxaux suivants : Comment parler des livres qu’on n’a pas lus (celui-là, je l’ai lu !), Comment parler des faits qui ne se sont pas produits, ou Comment parler des lieux où l’on n’a pas été. Et bien que que ses démonstrations soient rigoureusement menées avec le plus grand sérieux, il est impossible de ne pas déceler dans ces textes le goût du paradoxe et l’ironie dévastatrice.
Je vous conseille de lire quelques-uns de ces livres, vous n’y résisterez pas ! À condition de ne pas croire un mot de ce qu’il raconte, bien entendu.