Vatel, trop pressé de mourir

Publié le par Yves-André Samère

D’abord, coupons court à la légende, François Vatel, de son véritable nom Fritz Karl Watel, d’origine suisse, n’était pas cuisinier, ni l’inventeur de la crème Chantilly (elle avait été importée d’Italie un siècle plus tôt par Catherine de Médicis), mais le maître d’hôtel de Nicolas Fouquet, et il avait été engagé pour organiser l’intendance des fêtes données au château de ce richissime individu.

Fouquet n’était pas noble, bien qu’il se soit fait appeler « le vicomte de Vaux ». Il faut dire que, s’étant engagé pendant la Fronde du côté d’Anne d’Autriche, mère du roi, et de Mazarin, Premier ministre, il devint intendant de la généralité de Paris, et que la fortune de sa femme lui permit d’acheter la charge de procureur général du Parlement de Paris, poste qui valut d’être chargé du service des subsistances, de gagner beaucoup d’argent et d’avoir beaucoup d’amis illustres.

Le 21 avril 1671, erreur fatale, il invite pour trois jours Louis XIV et trois mille membres de la Cour, dans son mirifique château de Vaux-le-Vicomte, mais, trois jours plus tard, c’est le Vendredi saint, donc on DOIT servir du poisson, commandé à Boulogne-sur-mer. Mais le poisson n’arrive pas !

Vatel s’estime déshonoré et se suicide de trois coups d’épée, alors que... le poisson arriva, quoique un peu en retard !

Le suite est connue : Louis XIV est vexé d’avoir dû assister à l’étalage de la fortune de Fouquet, et le fait arrêter par... d’Artagnan, acte qui n’est pas le plus bel exploit de l’ex-mousquetaire. Louis XIV tente en vain de faire condamner Fouquet à mort, le Parlement refuse, et Fouquet est jeté en prison, pour l’éternité.

Il existe quelques raisons de penser que le célèbre Masque de Fer, c’était lui, mais cette énigme n’a jamais été résolue, car le pouvoir royal était quasiment absolu (sauf en ce qui concerne la tentative de condamner Fouquet à mort, véritable crime royal) – Louis XIV étant ce qu’il était, un pur dictateur se prenant pour une divinité. Mais, sur les vingt-deux juges chargés de prononcer la sentence de mort, treize refusèrent. Fouquet survécut, mais resta prisonnier.

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