Les mots français qu’on écorche

Publié le par Yves-André Samère

Voici quelques-uns de ces mots qu’on connaît mal :

- aiguiser : ce verbe est de la même famille que l’adjectif aigu et que le nom aiguille. De sorte que la lettre « u » se prononce ! Et que la syllabe « gui », ici, n’a pas le même son que le prénom Guy !

- arguer : ce verbe, on s’en doute, est de la même famille que le mot argument, et se prononce par conséquent de la même façon, donc « ar-gU-er », avec le « u » audible. Il ne rime pas avec reggae ! Et le participe présent arguant obéit à la même règle, ne se prononçant pas comme Argan, le nom du personnage de Molière dans Le malade imaginaire. Par précaution, il est conseillé d’écrire argüer plutôt qu’arguer.

- enamouré : vous avez remarqué l’absence d’accent sur la première lettre ? C’est la clé de la prononciation, car ce mot est composé à partir du mot amour et du préfixe en, comme enquiquiner, enfiler, emmêler, ennuyer ou emmerder, ce verbe cher à Macron. Par conséquent, on ne prononce pas plus « é-na-mou-ré » qu’on ne dit « é-merdé », « é-mêlé » ou « é-nuyé », mais « AN-na-mou-ré ». Hélas, même Brassens a écorché le mot !

- gageure : aucune ambiguïté, ce mot ne se prononce pas « gajeure » (rimant avec heure), mais « gajure » (rimant avec parjure). La lettre « e » qui induit en erreur n’est là, placée après le second « g », que pour en adoucir la prononciation et lui conserver le même son « j » que dans « cage ».

- loquace : contrairement à ce qu’on pourrait penser, ne fournit qu’une rime pauvre à Boccace, puisque ce mot se prononce « lo-kouass ». Encore l’histoire de la lettre « u » qui n’est pas muette...

- magnat : les journalistes casent souvent dans leurs papiers « un mania du pétrole », mais dans le mot magnat, les lettres « g » et « n » se prononcent distinctement, et on doit entendre « mag’-na ». Rien à voir, donc, avec Rose Mania, chanteuse qui faisait bien rigoler dans les années cinquante.

- magnum : un magnum est une bouteille contenant deux litres. La règle de prononciation est la même que pour le mot précédent, on dit « mag’-nomme ».

 

NB : En réalité, il existe deux verbes arguer, celui dont j’ai analysé la prononciation au début du présent article, et un autre qui, lui, se prononce « art gay », et qui signifie « utiliser l’argue », cette argue étant un instrument des bijoutiers, servant à dégrosser (rendre plus fins) les fils d’or ou d’argent.

 

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