Des nombres insaisissables
Cela fait des années, voire des dizaines d’années, que les gens de média (non, je ne mets pas de majuscule à média – ni de S au pluriel –, qu’on devrait écrire media, et qui est déjà un pluriel) parlent de « croissance à deux chiffres » dès que ladite croissance atteint ou dépasse le pourcentage de dix pour cent.
C’est la marque infaillible que ces cancres font la démonstration de leur inculture. D’abord, parce que les pourcentages ne sont PAS des chiffres, mais des nombres, un peu déguisés puisqu’ils affichent la caractéristique des pourcentages, précisément.
Autres sottises, un nombre peut être supérieur à 10 et s’écrire avec plus de deux chiffres. Que penseriez-vous du nombre 10,7 ? Il a trois chiffres, mais il laisse derrière lui tous ceux que la statistique classerait comme ayant dépassé 10 ! Par exemple, 10,12345... Et le nombre π, inférieur mais qui compte une infinité de chiffres ?
Enfin, 9,5, qui a DEUX chiffres, reste inférieur à 10. Où le classer, dans ce cas ?
NB : impossible de ne pas penser à cette sotte de Marie-Pierre Planchon, qui débite trois ou quatre fois par jour sur France Inter le bulletin météorologique, et s’obstine à parler de « petits degrés » dès que la température est à son avis trop basse. Mais tous ceux qui l’entourent dans le studio se gardent bien de rectifier. Ils sont peut-être sourds.
Toutes ces inepties viennent du fait que les bavards visés plus haut en savent pas ce que c’est qu’un chiffre. On devrait les renvoyer à l’école primaire.