Réécrire les livres anciens
Vous n’avez pas pu échapper à la nouvelle mode (ou tendance, si vous préférez) consistant à réécrire les livres anciens, tout particulièrement certains romans à succès comme ceux d’Agatha Christie, Margaret Mitchell, Roald Dahl ou Ian Fleming. Prétexte invoqué : tous ces livres contiennent des mots « qui choquent », comme nègre, gros ou visant des femmes – donc il serait interdit de parler d’une femme dans certains livres, sous peine de vexer la moitié de l’humanité.
Inutile que je cache mon opinion : cette guerre contre le vocabulaire est une imbécillité, et j’y suis totalement opposé. Je refuse de prendre au sérieux une mode aussi stupide, et le prétexte que la grande Agatha avait choisi pour titre de son roman le plus connu, Dix petits nègres, ne tient absolument pas debout. D’autant plus qu’il n’y a aucun Noir dans ce roman, que j’ai lu de nombreuses fois, et que les seuls nègres dont il y est question est... une collection de statuettes figurant dans la maison du crime !
Bien, je ne vais pas développer : au royaume des crétins, adeptes de la censure, mieux vaut tourner la page. Lisez les livres tels que leurs auteurs les ont conçus, et oubliez les modes à la noix. Après tout, nul n’a tenté de faire interdire le roman de Sade, mille fois plus scandaleux, Juliette ou les prospérités du vice ! Inutile de le lire, d’ailleurs ! Le seul éloge qu’on puisse faire de Napoléon, c’est d’avoir détesté Sade.