L’anglais, langage international ?
On croit couramment que l’anglais est la langue la plus appropriée pour la communication internationale. En foi de quoi, les grosses entreprises, par exemple, imposent de plus en plus souvent que les échanges internes entre leurs cadres se fassent en anglais – notamment parce qu’elles suppriment ainsi les frais de traduction des comptes-rendus destinés à leurs clients étrangers, censés, eux aussi, parler l’anglais.
Or rien n’est plus faux que cette croyance ! Pour la bonne raison qu’il n’existe pas plus d’anglais officiel, stable et codifié, qu’il n’existe de Constitution écrite au Royaume-Uni, où l’usage prévaut sur la règle écrite. En fait, il y a autant de versions différentes de la langue anglaise qu’il existe d’anglophones. Et l’on sait que l’anglais pratiqué en Angleterre est assez différent de celui parlé aux États-Unis, par exemple.
On a pu vérifier cette carence au lendemain de la Deuxième Guerre Mondiale, par cet exemple absurde : la France souffrait alors de terribles pénuries, notamment dans le domaine alimentaire. Et les Alliés entreprirent de l’aider en lui fournissant des produits de première nécessité. Au nombre de ces produits se trouvait la farine – nous mangeons beaucoup de pain, et davantage en ce temps qu’aujourd’hui. Il fut donc convenu que les États-Unis fourniraient aux Français des stocks importants de farine. Pour les Français, il tombait sous le sens qu’il s’agissait de farine DE BLÉ, avec laquelle nous faisons notre pain. Le document régissant cet accord international fut ainsi rédigé en anglais du Royaume-Uni, pays où le blé est désigné par le mot corn (et parfois wheat). Mais, aux États-Unis où ce document devait être appliqué, corn désigne le maïs ! Pensez à popcorn.
C’est ainsi que les Français reçurent des stocks de farine de maïs dont ils n’avaient que faire.