Proximité
Il ne faut pas tout mettre dans le même sac : la justice de proximité et la médecine de proximité. Autrement dit, les petits tribunaux et les petits hôpitaux, c’est très différent.
On doit être hostile aux réformes que veut imposer le ministre de la Justice Rachida Dati en voulant supprimer un certain nombre de tribunaux d’instance qu’elle estime peu actifs. Un tribunal de proximité qui juge peu d’affaires n’est pas dangereux pour autant, et il reste indispensable, si l’on veut éviter que les petites gens qui ont un litige se tapent le voyage au chef-lieu du département (une journée entière fichue en l’air) pour se faire rendre justice.
En revanche, les hôpitaux peu actifs, et plus précisément les blocs opératoires qui servent rarement, eux, sont dangereux. Tout le monde sait que, pour rester bons, un chirurgien et son équipe doivent opérer souvent ; dans le cas contraire, comme un sportif qui ne s’entraîne pas assez, on « perd la main », et toutes les études montrent que le taux de décès au cours d’une opération peut être multiplié par dix dans les petits hôpitaux.
Pourquoi, dans ce cas, cet argument de bon sens rencontre-t-il autant d’opposition de la part des élus locaux ? Parce que l’hôpital, dans une petite ville, est souvent le principal employeur, et qu’un maire qui laisse fermer « son » hôpital court un grand risque d’être battu à la prochaine élection municipale. Pas fou, les élus locaux préfèrent risquer la vie de leurs administrés plutôt que de perdre leur vote.