Noter les ministres

Publié le par Yves-André Samère

Il joue petit bras, notre Fouquet’s Gump. Il manque d’audace.

Certes, son idée de faire noter les ministres avant de les garder ou de les virer, cette idée est excellente. D’ailleurs, vous avez vu ? Tous les ministres sont satisfaits d’être désormais soumis à une mesure que des esprits étroits qualifieraient peut-être d’« humiliante ». Ils sont à deux doigts de crier leur enthousiasme, un peu comme le peuple dans 1984, quand Big Brother avait réduit les rations hebdomadaires de chocolat à quarante grammes, et que les journaux faisaient part des remerciements du populo, pour avoir porté ces rations à quarante grammes.

Et qui sait si, un jour, cette mesure, on ne l’étendra pas à l’échelon supérieur...

Mais enfin, on pouvait trouver mieux.

– Qu’est-ce donc qui te chiffonne, bougre d’âne ? vous entends-je ronchonner.

Eh bien, c’est surtout l’aspect financier qui fait problème, comme on dit dans les journaux bien (mal) écrits. Que cette évaluation des ministres ait été confiée à une agence privée, c’est normal, les titres boursiers aussi sont évalués de cette façon, or on nous a suffisament répété que le gouvernement devait « gérer » la France (j’adore ce mot, gérer) comme une entreprise. La nation ravalée au niveau d’Alcatel, de Bouygues ou du Club Méditerranée, quoi de choquant ? Mais enfin, ça va coûter des sous.

C’est pourquoi je propose une autre solution, qui aurait, au contraire, l’avantage d’en rapporter. Pourquoi ne pas confier cette tâche de notation aux citoyens eux-mêmes, sur le modèle des émissions de télé-réalité ? On mettrait en place un numéro de téléphone surtaxé, et la télé nous le rappellerait trois fois par jour : pour garder Rachida Dati, tapez 1, pour l’éliminer, tapez 2. Qui sait, on pourrait organiser des soirées spéciales, genre Téléthon : appelez pour sauver Fadéla Amara ou Christine Boutin.

On pourrait même augmenter le tarif habituel du coup de bigophone, les Français ne serait pas regardants, s’agissant d’influer sur la composition du gouvernement : « Hé ! t’as vu ? Laporte a pris la porte. Normal, j’ai voté contre lui ».

Avec une proposition pareille, je suis certain que le Premier ministre va très vite me confier une mission.

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