Figaro-ci, Figaro... hola !
Quoique sans illusions, j’ai regardé jeudi soir sur France 3 le Figaro adapté par Jacques Weber. Sans illusions, car Weber n’est pas, au théâtre, le meilleur metteur en scène de France, loin de là ! J’avais gardé un souvenir amer de son spectacle en direct sur Canal Plus, Le misanthrope, il y a une quinzaine d’années : sa Célimène, jouée par Romane Bohringer, actrice alors à la mode mais pas du tout faite pour le rôle, se traînait en souillon pendant toute la première moitié de la pièce, ce qui, convenez-en, servait à merveille les intentions de Molière, qui en avait fait une coquette ; en Alceste, Philippe Khorsant (qui vient de mourir) avait oublié de se raser et arborait donc une barbe de quatre jours ; et on n’avait rien trouvé de mieux que de faire jouer Arsinoé, la vieille coquette devenue prude, par Marie Trintignant !
Son Figaro était moins désastreux, mais les manies de Weber étaient toujours là : montrer les personnages en déshabillé ou à leur toilette (le Comte assistant au bain... de Figaro, quelle audace ! Mais quelle stupidité, surtout) ; faire traîner les répliques qui devraient être lancées à toute allure ; et prendre des acteurs ne convenant pas. Isabelle Adjani, qui a deux fois l’âge de la Comtesse, déploie une énergie considérable à tenter de masquer son embonpoint, et l’on a beau encourager le népotisme sans lequel il n’y aurait pas de cinéma ni de théâtre en France, avoir engagé le fils du metteur en scène, Stanley, vingt ans et doté d’une épaisse toison sur la poitrine, pour jouer Chérubin, c’est une bouffonnerie : le charmant garçon en pleine puberté – il a treize ans, c’est dit expressément dans le texte –, qui chante au vent et aux nuages ses rêves d’amour encore inassouvi, devient un tombeur qui culbute toutes les filles et pelote carrément la Comtesse sous nos yeux ébahis. Chez Beaumarchais, il attendait encore cinq ans.
Spectacle à classer dans la catégorie « le metteur en sait plus que ce crétin d’auteur »...