Mentir, partir...
Au temps où Giscard régnait sur la France, Thierry Le Luron chantait sur scène une parodie de la chanson créée par Julien Clerc, Partir, que son parolier avait transformée en Mentir. On a bien ricané, lorsque Thierry est mort, et que Giscard a prétendu alors qu’il venait de perdre « un ami » : jamais il n’était allé le voir en spectacle, bien que le théâtre où se proférait ce blasphème se soit trouvé à cinquante mètres de l’Élysée...
Il paraît qu’aux États-Unis, on déteste le mensonge plus encore que chez nous (quoique, chez nous...). C’était sans doute vrai au temps de Nixon. Rappelons en effet que Tricky Dicky fut invité à vider les lieux, non pas pour avoir fait espionner le Parti Démocrate ; ça, c’est de la rigolade, et il n’existe pas un pays où ces mœurs ne soient considérées comme banales. Non, Nixon a connu la procédure d’empeachment parce qu’il avait menti, en prétendant qu’il n’enregistrait pas les conversations tenues dans son bureau, à l’insu de ses interlocuteurs.
On se souvient que Clinton a failli connaître le même sort, quand il a prétendu n’avoir pas eu de relations avec la chère Monica. Pourtant, il lui avait taché sa belle robe bleue, ce rustre. Le boulet, alors, n’est pas passé loin.
Eh bien, ce vertueux point de vue n’a plus cours du tout. Les citoyens des États-Unis, bien que sachant pertinemment que George Bush leur avait menti au début de son premier mandat pour pouvoir envahir l’Irak, sachant également qu’il avait eu recours à des élections truquées (en Floride, où son frère était gouverneur, quel hasard !), l’ont réélu avec une majorité encore plus forte que lors de sa première élection. Et sans qu’il ait eu besoin de tricher, cette fois.
Si les États-Unis veulent redorer leur blason et feindre de calquer leur comportement sur les prescriptions de la Bible, ils vont devoir faire gaffe à la personnalité du successeur. La machine à détecter le mensonge, peut-être ?