Blanc bonnet ou bonnet blanc ?

Les États-Unis passent pour un pays démocratique. Mais, à y regarder de plus près, il leur manque deux éléments capitaux. D’abord, un authentique multipartisme. Ensuite, un intérêt pour la politique manifesté par les citoyens.

Comment ! Il n’y aurait pas de multipartisme aux États-Unis ? Pas vraiment. En dehors des deux partis majoritaires, le Parti Républicain actuellement au pouvoir, et le Parti Démocrate qui compte bien le prendre en novembre, aucune place n’est laissée à un troisième parti, et aucun groupuscule n’a jamais réussi dans la course au pouvoir. C’est pire : lorsque Ralph Nader, au nom des écologistes, se présente à l’élection présidentielle, il ne fait que pomper les voix qui seraient allées aux Démocrates... et leur fait perdre l’élection ! Désespérant, mais banal : chez nous, c’est de cette façon que Jospin a été éliminé au premier tour en 2002, « grâce » à Christiane Taubira et Jean-Pierre Chevènement.

Et puis, les deux partis qui ont le vent en poupe aux États-Unis ne sont pas, comme on pourrait le croire, si différents que cela. Il est tout à fait faux de classer les Démocrates à gauche et les Républicains à droite. Certains politiciens démocrates sont plus à droite que leurs adversaires républicains. Un seul exemple, Hillary Clinton. Après avoir beaucoup agité l’opinion en prétendant réformer la politique sociale et le régime de santé de ses compatriotes, la dame s’est laissée corrompre par le lobby pharmaceutique qui la combattait précédemment, et elle a épousé leurs thèses. Mais son époux ne valait pas mieux ! C’est bien lui qui a déclaré « J’ai toujours été partisan de la prière à l’école », dans son discours sur l’état de l’Union en 1994, et dit aux démocrates de l’Ohio, en 1996, « Moins d’État, moins de bureaucratie, voilà ce que je souhaite ». Et ses collègues démocrates, à la Présidence, n’ont pas fait mieux : c’est bien Kennedy qui a déclenché la guerre du Vietnam, et Carter qui a signé en 1977 une loi interdisant le remboursement intégral de l’IVG aux femmes sans ressources.

Quant à la dépolitisation des citoyens des États-Unis, elle est la conséquence du fait précédent : pourquoi voter, quand on n’a le choix qu’entre deux partis qui se ressemblent tellement ?