Blake et Mortimer

Un nouvel album des aventures de Blake et Mortimer vient de sortir. Cette bande dessinée a été créée par Edgar P. Jacobs, mort en février 1987, et qui était à l’origine... chanteur d’opéra ! Aujourd’hui, la série a été reprise par Yves Sente pour le texte et André Julliard pour le dessin.

Il faut avouer que l’œuvre de Jacobs n’était pas fameuse. Graphiquement, son style relevait de la « ligne claire », mais il restait très au-dessous d’Hergé, qui produisait des images plus chaleureuses et plus animées (ceux qui douteraient de la possibilité d’avoir en bande dessinée une image animée peuvent se reporter à l’album où apparaissait pour la première fois le capitaine Haddock, Le crabe aux pinces d’or. Il existe dans cet album une image panoramique où le capitaine, furieux... et saoul, attaque à lui seul une bande de pillards et les met en fuite, image très parlante !). Les dessins de Jacobs étaient sombres, assez sinistres, et ses personnages restaient très figés. En outre, ses décors presque uniquement souterrains manquaient nettement de variété, et son méchant récurrent, Olrik, était affublé d’une physionomie qui affichait si clairement ses mauvaises intentions, qu’il se serait fait éjecter du Syndicat du Crime pour délit de sale gueule.

Quand aux dialogues, surabondants au point d’envahir les images, ils étaient pour le moins maladroits, mal écrits et parsemés de clichés : sous prétexte que les deux héros étaient britanniques, ils disaient sans cesse « By Jove ! », et la plupart des phrases se terminaient par un point d’exclamation suivi d’un point de suspension.

Les successeurs de Jacobs ont partiellement corrigé ces défauts, les images sont plus claires, et la ponctuation plus sobre. Mais le texte reste envahissant. Ce qui n’empêchera pas les amateurs de se précipiter.