On prend les mêmes...
Hier soir, France 2 a diffusé en direct une représentation de Tailleur pour dames, pièce de Feydeau, un spectacle conçu pour la télévision, comme cela avait été le cas pour Faisons un rêve, de Sacha Guitry. Même théâtre, l’Édouard-VII, même metteur en scène, Bernard Murat, aussi directeur du théâtre, ce qui laisse à penser que France Télévisions a conclu un accord commercial avec cette salle et qu’on va voir d’autres spectacles du même type la saison prochaine. Même présentateur, également, l’ineffable Christophe Hondelatte, et, sur scène, encore Pierre Arditi et François Berléand : comme dans la tragédie grecque, le téléspectateur n’échappe pas à la fatalité.
J’ai déjà eu l’occasion de dire tout le mal que je pensais du metteur en scène et de sa vedette masculine : au théâtre, Arditi est horripilant, car il a un tic, qu’il nous a resservi hier soir, consistant à se claquer la cuisse de la main droite, pour exprimer le dépit, l’impatience ou l’exaspération. Comme la pièce de Feydeau n’est pas très bonne, j’avais tout le loisir de compter les occurrences de ce geste irritant. Eh bien, hier, en deux heures et dix minutes, il nous l’a servi... cent trente-quatre fois ! Plus d’une fois par minute. Inhumain. Un vrai supplice chinois.
C’est étrange, naguère, dans les bons cours de théâtre, c’est-à-dire avant la création du Cours Florent, on apprenait aux élèves à prohiber ce qu’on appelait, je crois, les « gestes de compensation » (je ne suis pas certain du terme). Par exemple, le fait de se gratter la tête pour exprimer la perplexité. Je me souviens avoir vu Gérard Philipe, à la télévision, y faire allusion. Eh bien, ce tic est un de ces gestes qui ont tout du cliché. Ça fait amateur, vraiment.
Pour être franc, je soupçonne Arditi de n’être pas le seul responsable, car ses partenaires masculins, dans la pièce en question, faisaient aussi ce geste de temps à autre. Est-ce que ce ne serait pas encouragé par leur metteur en scène, l’un des pires de France ?