Shadoks
Il y a une quarantaine d’années, le shah d’Iran avait écrit un livre dans lequel, entre autres, il plaidait pour une essence chère – il parlait de 10 francs le litre, somme alors considérable. Certes, c’était en partie intéressé, puisque son pays, et lui-même par conséquent, tiraient une masse de fric, sous forme de royalties, du pétrole qui gorge le sous-sol iranien. En même temps, ce n’était pas une idée stupide, car son application, qui n’eut jamais lieu (faut pas rêver !) aurait évité le gaspillage.
En effet, il ne fallait pas avoir beaucoup de bon sens pour croire que les ressources étaient inépuisables. Seulement voilà, aux États-Unis, le pays le plus gaspilleur de la planète, on considère comme une atteinte intolérable à la liberté du citoyen que de vouloir restreindre ses moindres déplacements au volant d’une grosse bagnole aussi polluante que gourmande en carburant. Et lorsque le litre d’essence coûtait environ un franc, pourquoi se gêner ? Alors, comme les Shadoks, les États-Uniens pompaient.
À présent, on commence à voir la fin des gisements, et on peut parier que les enfants nés aujourd’hui connaîtront l’épuisement de cette ressource naturelle. Si les scientifiques ne parviennent pas, d’ici à une soixantaine d’années, à maîtriser la fusion nucléaire (ce que, depuis 1945, ils s’échinent en vain à trouver), on ne donne pas cher de l’avenir des hommes. Si bien que, même aux États-Unis, on a fini par admettre cette évidence, et par commencer à prendre de bonnes habitudes, en laissant son 4×4 au garage. Mais il est peut-être trop tard...