Enjoliveurs-3 : « démarrer » - « débuter »

Publié le par Yves-André Samère

Mais où donc est passé le verbe commencer ? S’il existait un mot d’usage courant, c’était bien celui-là. Or on ne l’entend plus, on ne le lit plus. À la place, nos enjoliveurs ont lancé deux remplaçants, démarrer, ainsi que débuter.

Pas de chance, ces deux mots ne peuvent pas jouer le même rôle, car ni l’un ni l’autre n’admet de complément d’objet direct. Un grammairien dirait qu’ils sont intransitifs, alors que commencer est transitif : il admet, lui, les compléments d’objet direct. En clair, on peut commencer une carrière, on ne peut pas démarrer une carrière, ni débuter une carrière : on démarre, on débute, point final.

Cette obsession du verbe démarrer doit beaucoup à l’informatique. On sait que les spécialistes de l’informatique ne sont pas forcément des aigles en matière de syntaxe, or ils ont lancé l’expression « démarrer un ordinateur », et le public a suivi sans se poser aucune question ! La mode du démarrage tous azimuts était lancée...

Néanmoins, le verbe démarrer présente une curieuse particularité : on peut « démarrer un bateau », c’est-à-dire ôter les amarres qui le relient au quai. Mais il va sans dire que cette exception (apparente) n’implique pas que « démarrer un bateau » signifie qu’on mette en marche son moteur !

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