Ce malabar de Porgy
Porgy and Bess est un opéra dont la musique est due à George Gershwin, et qui est très rarement joué en France. Il vient de l’être à Paris, à l’Opéra-Comique, entre le 2 et le 20 juin, et sera repris à Caen du 26 au 28. On le jouera aussi à Luxembourg du 7 au 11 octobre prochain.
L’un des thèmes de la pièce est celui-ci : Bess, femme légère, préfère se mettre en ménage avec Porgy, un mendiant infirme qui la traite bien car il la tient pour une quasi-déesse, plutôt qu’avec Crown, un malabar macho, qui la traite comme un objet.
Or la mise en scène qui a été utilisée à l’Opéra-Comique, que depuis toujours je brûlais de voir, car j’aime tout ce qu’a composé Gershwin, mise en scène qui est due à Robyn Orlin, contredit le sens de la pièce : alors que Porgy, selon le texte de la pièce, ne peut se déplacer que dans un petit chariot tiré par un bouc (!), on le fait jouer par une sorte de colosse qui se déplace très bien, car le personnage représenté souffre seulement d’une déformation du pied droit, un peu tourné vers l’intérieur ; et il est assez costaud, dans cette mise en scène, pour être capable d’étrangler Crown au cours d’une bagarre !
Comme de juste, le spectacle s’effondre sur cette absurdité. Il est à voir, si l’on peut dire, les yeux fermés ! Car, heureusement, l’orchestre et les chanteurs sont excellents.