Services (très peu) publics

Il est absurde que les services publics ne soient ouverts qu’aux heures de bureau, c’est-à-dire, en pratique, lorsque les personnes intéressées ne peuvent pas s’y rendre. Prenons un exemple.

À Paris, les bibliothèques de prêt sont en général fermées le samedi après-midi, le dimanche et le lundi. Restent quatre jours et demi. Elles sont aussi fermées le jeudi matin. Restent quatre jours. Sur les jours restant, elles sont ouvertes entre 10 heures et 17 heures, et entre 10 heures et midi le samedi. Précisément, donc, quand les lecteurs potentiels sont occupés à travailler !

Il ne faut donc pas s’étonner si ces lieux sont quasiment déserts en permanence. Il est vrai que ce doit être un moyen d’y faire régner le silence propice à la lecture ! Il n’empêche que les employés sont payés à ne pas faire grand-chose, d’où leur lenteur proverbiale, que l’entretien des lieux est ruineux (la discothèque des Halles a été refaite deux fois en quatre ans, avec fermeture pendant des mois, et presque personne n’y va), et que l’inconfort y est total (peu de sièges, toilettes répugnantes, pas de tables si l’on veut écrire, etc.).

Le Centre Pompidou est convenable, sauf du côté des toilettes, là encore, mais depuis la rénovation (vingt-sept mois de fermeture) terminée en 2000, le nombre de places à la bibliothèque a été considérablement réduit, et que, pour y être admis, il faut faire la queue pendant des heures au portillon qui compte les entrants et les sortants. On voudrait décourager les gens de lire qu’on ne s’y prendrait pas autrement.