Quand la science est-elle née ?
Ce qu’on appelle « la science » s’est développé en Europe, et en Europe seulement, à partir du seizième siècle, après quelques premiers pas dans les trois siècles précédents. Archimède découvrant son fameux principe, qui était d’essence intuitif, n’a rien à voir avec des savants comme Copernic, Cardan, Kepler, Leibnitz ou Descartes. Il est faux que la science expérimentale, avec ses données chiffrées, ses protocoles expérimentaux et ses résultats également chiffrés, ait été en vigueur auparavant, chez les Grecs, les Arabes, les Indiens ou les Chinois.
La raison en est simple, et l’exemple des mathématiques est très parlant : les Anciens ne possédaient ni le formalisme abstrait, ni la notation mathématique permettant de formuler simplement et clairement les observations, et ils ne « calculaient » pas comme on put le faire ensuite. Ce fameux formalisme est apparu à la fin du quinzième siècle, avec Nicolas Chuquet, et n’a pris sa forme actuelle qu’au dix-neuvième. Avant cela, une simple formule mathématique devait être exprimée sous la forme d’une phrase, ce qui ne pouvait aller bien loin dans la sophistication. Essayez donc de dire, sans recourir au langage mathématique actuel (en symboles ou en termes spécialisés), que dans un triangle rectangle, le carré de la mesure de l’hypoténuse est égal à la somme des carrés des mesures des deux autres côtés, vous aboutirez à une phrase incompréhensible (déjà, le mot « carré » est une abstraction...), alors qu’au contraire, la simple formule a2 = b2 + c2 est d’une évidence aveuglante !
Quiconque a pu lire les démonstrations rédigées avant que le langage actuel soit mis au point comprendra.