Un « soi-disant » chèque
Comme j’ai parlé hier d’agrégés qui ne savent pas lire, cela m’a rappelé la manière dont De Gaulle avait connu Pompidou. Il avait besoin, au début de son premier septennat, d’un bon chef de cabinet (ou directeur de cabinet, je ne sais plus, mais les deux sont très différents), et il avait alors prescrit à son entourage « Trouvez-moi un agrégé qui sache écrire ». On lui avait présenté Georges Pompidou, ancien professeur de lettres et devenu ensuite fondé de pouvoir de la banque Rothschild. Pompidou a fini dans la peau d’un président de la République...
Certes, Pompidou savait écrire, ce qui ne l’empêchait pas de faire à l’occasion des fautes de français. Ainsi, accusé d’avoir reçu pour sa campagne électorale un chèque de la Garantie Foncière, qui fut une belle escroquerie de son règne riche en magouilles, il s’en défendit au cours d’une conférence de presse, et parla d’un « soi-disant chèque ».
Je me suis amusé à interroger notre ami commun à tous, Google, et il s’avère que cette expression figure dans trente-neuf pages sur Internet, ce qui prouve que trente-neuf personnes au moins ne voient pas la faute. Or l’expression soi-disant signifie « qui se dit soi-même ». Un chèque ne saurait se dire soi-même chèque, et l’absurdité saute aux yeux ! Dans un tel cas, on doit dire « un prétendu chèque ».
Pompidou devait le savoir, mais dans l’émotion du plaidoyer, il s’est planté comme un élève de CM2...