Justice pour Nanard !

Bernard Tapie, en procès avec le Crédit Lyonnais depuis des lustres parce que cette banque l’a roulé dans la farine avec l’affaire Adidas, vient de bénéficier d’un jugement qui lui est favorable, et qui a été prononcé, non pas par un tribunal, mais par un aréopage de trois « juges », baptisé « tribunal arbitral », une instance tout à fait privée, ces prétendus juges (deux n’en sont pas, le troisième est à la retraite) étant désignés par le pouvoir.

Naturellement, un peu partout, on a crié au scandale, parce que ces juges n’auraient fait qu’exécuter la volonté de Sarkozy de favoriser Tapie, qui avait posé pas mal de jalons en vue de se rapprocher de lui politiquement (Tapie était du Parti Radical, mais ça n’empêche pas les sentiments). Ainsi, l’ancien juge Eva Joly a vu dans cette magouille « un président de la République qui donne des instructions dans l’intérêt non pas de l’État mais dans celui de ses alliés politiques ou de ses amis ».

Tapie a donc répliqué par le biais d’une interview au journal « Le Parisien », entretien publié aujourd’hui. Il prétend qu’en dépit du temps, la justice a été incapable de résoudre l’affaire, et qu’il urgeait d’en finir par un autre moyen. Fût-il aussi tordu ? Selon Tapie, « Nicolas Sarkozy a été évidemment totalement étranger au choix de la procédure, au choix des arbitres, à la décision », et il est blanc comme neige. Cet « évidemment » est beau comme du Verlaine, et Dieu sait si Nanard n’a pas l’habitude de mentir !

Intervention de Sarko ou pas, on attend avec impatience que le citoyen de base, mécontent de tel ou tel jugement rendu par un tribunal normal, réclame à son tour une justice privée et sur mesure. Ce pourrait être pittoresque.