Shirley et Dino chez Alcatel

Publié le par Yves-André Samère

À deux reprises, il a été question dans ce blog de la double tête pensante qui dirige Alcatel-Lucent, à savoir le président Serge Tchuruk et la directrice générale Patricia Russo. Ce merveilleux tandem, les Shirley et Dino du CAC 40, s’est montré si efficace, que le cours de l’action a été divisé par cinquante en quelques années, alors qu’il s’agissait, jusqu’en 1999, d’une entreprise florissante.

À l’origine, seul Tchuruk dirigeait la boîte, mais, lorsque la déconfiture s’est annoncée, le conseil d’administration a eu l’idée géniale de vouloir lui adjoindre une directrice générale, qu’on est allé chercher aux États-Unis – Patricia Russo, donc – histoire de le seconder. Bien entendu, ce prétexte n’a trompé personne, et Tchuruk moins que quiconque : il a immédiatement compris qu’on lui collait une surveillante sur le dos. Ce qui explique que ces deux-là se sont adorés dès le début.

Ce matin, on annonce que tous les deux démissionnent. Tchuruk partira en octobre, Russo à la fin de l’année. On ignore encore si les administrateurs ne les ont pas un peu poussés dehors, mais, vu l’ambiance lors de la dernière assemblée générale des actionnaires, ce ne serait pas étonnant.

En fait, depuis quelques années, c’est toute la gouvernance des grosses entreprises qui a du plomb dans l’aile. En bref, cela a commencé avec l’inoubliable Jean-Marie Messier, qui se disait le maître du monde. Ces gens-là, les présidents des grosses boîtes, ont presque autant de pouvoir que des chefs d’État, sont beaucoup mieux payés, et tiennent dans leurs blanches mains le sort de dizaines de milliers de travailleurs, qu’ils peuvent jeter sur le pavé via un « plan social », comme ils disent, dès que les actionnaires râlent à propos de leurs dividendes insuffisants. Cette machine-là ne va pas tourner encore longtemps sur ce mode hoquetant.

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