Besoin de saints

Publié le par Yves-André Samère

Il n’y a pas si longtemps, les peuples avaient besoin d’un père. C’est d’ailleurs toujours valable en Afrique, où aucun dictateur ne manque de se faire appeler « le Père de la Nation ». Aujourd’hui, il semble que les peuples aient besoin de saints. Par chance, il y en a toujours un de disponible. Ainsi, chez nous, durant des dizaines d’années, on a eu l’abbé Pierre. Certes, il était un peu antijuif, mais le bon peuple a fait semblant de ne pas être au courant, et il a regardé ailleurs. Il est vrai que l’abbé avait quelques qualités, en compensation, notamment son franc-parler, et je l’entends encore déclarer que s’il avait quelques années de moins, pour sa politique du logement, il « rosserait » Jean Tiberi. Il avait aussi lancé une vanne sanglante sur le pape, dans une interview à « Elle » (si-si) : « Le Christ se déplaçait à dos d’âne, pas en Cadillac ! »

On a eu également Jacques Gaillot, mais l’évêque médiatique, peu après s’être vu muter symboliquement à Partenia – un diocèse qui n’existe que sur le papier – pour cause de non-conformisme, s’est fait pincer en flagrant délit de plagiat, et il a quasiment disparu de la circulation.

La fameuse « mère » Teresa a tenu plus longtemps : jusqu’à sa mort, elle a roulé tout le monde, et peu de gens savent que c’était un suppôt de l’extrême droite, opposée au divorce et à l’avortement, ce qui peut encore se comprendre vu sa position (elle a pourtant approuvé le divorce de Charles et Diana), et sans cœur, puisqu’elle refusait les médicaments antidouleur aux mourants qu’elle accueillait, prêchant que la douleur était « un don de Dieu » (sic). Elle est toujours à deux doigts d’être canonisée, bien placée qu’elle était dans les petits papiers de son copain Jean-Paul II, dont la canonisation a aussi été réclamée à grand bruit par des gogos à peine son cercueil refermé, et qui a canonisé à tour de bras, mais uniquement des gens de droite, comme l’abominable Escriva de Balaguer, fondateur de l’Opus Dei.

Il y a deux mois, c’était Ingrid Betancourt, sainte et martyr, quoique bien vivante et en bonne santé, et qui a fait un prodigieux numéro sur Dieu et sa sainte mère, en dépit des conseils de modération de son propre fils Lorenzo. Aujourd’hui détrônée par le dalaï-lama, en dépit des casseroles que traîne le Grand Précieux (c’est son véritable titre). Comme la plupart des autres saints médiatiques, il condamne l’avortement, et aussi l’homosexualité (« une mauvaise conduite », dit Sa Sainteté, qui doit ignorer ce qui se passe dans ses monastères). On en reparlera.

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