Les copains et les coquins

Publié le par Yves-André Samère

Des présidents de la République qui favorisent leurs amis, ce n’est pas nouveau. Certes, De Gaulle s’en est abstenu, et a même été jusqu’à tenir sa famille à l’écart, puisque son propre fils est resté un obscur amiral et n’a pas approché le pouvoir. De même, Pompidou a eu la pudeur de ne pas profiter de sa charge (on ne savait même pas s’il avait des enfants !), et on ne connaît pas de cas de favoritisme de sa part.

Giscard a lancé la mode du favoritisme en nommant ministre de l’Intérieur son meilleur ami, Michel Poniatowski – le même qui dénonçait « les coquins et les copains », et c’est assez drôle. Mais Giscard n’est pas allé jusqu’au népotisme, et aucun membre de sa famille n’a été favorisé.

Le ver dans le fruit est venu avec Mitterrand, qui a eu l’outrecuidance de nommer son fils Jean-Christophe à l’Élysée, comme chargé des Affaires africaines – après y avoir placé son dentiste Guy Penne. Jean-Christophe Mitterrand y a gagné le surnom dévalorisant de « Papamadit », sous lequel le désignaient en rigolant ces impertinents d’Africains. Mais tous les amis de Mitterrand, tous les membres de sa famille, ont bénéficié de ses faveurs, décorations et autres.

Chirac, lui, s’est servi d’un article d’une loi sur l’amnistie des « sportifs ayant fait honneur à la France » pour laver son ami Guy Drut d’une condamnation en correctionnelle, lui épargnant de devoir payer une amende importante.

Mais le bouquet a été atteint avec Sarkozy. Déjà, en s’asseyant sur une décision de la Cour de Cassation (la plus haute juridiction du pays) qui avait jugé que Bernard Tapie n’avait pas à être indemnisé dans l’affaire qui l’oppose depuis des lustres au Crédit Lyonnais, en nommant pour « juger » cette affaire un prétendu « tribunal arbitral » qui n’était pas composé de magistrats en exercice, mais de personnalités privées, il usait d’un passe-droit dont on peut douter qu’il soit très légal, au profit d’un homme spécialisé dans les affaires douteuses, et qui est aussi, ne l’oublions pas, un repris de justice, puisqu’il a fait plusieurs mois de prison pour magouilles. Avec l’histoire idiote de la villa de Christian Clavier, « occupée » (si peu) par des nationalistes corses et qui a valu au responsable de la sécurité dans l’île de se faire limoger immédiatement, il laisse tomber le masque. Sarkozy a en effet déclaré : « Je ne supporte pas qu’on s’en prenne à mes amis parce que ce sont mes amis ». Au moins, c’est franc : si le propriétaire de la villa n’avait pas été un de ses amis, il n’aurait pas bronché.

On lui rappelle la devise de la République française ?

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