Balle dans le pied au « Canard enchaîné »
Un journal qui n’aime pas se dédire, c’est bien « Le Canard enchaîné ». On se souvient de l’affaire des diamants de Bokassa, offerts à Giscard quand il était ministre des Finances, et que le futur président avait eu la bêtise d’accepter, puis de garder. Et surtout, il avait nié les avoir reçus, avec cet étrange démenti : je n’ai reçu aucun diamant, et d’ailleurs ils étaient tout petits (j’interprète, mais l’esprit y était !).
Pendant des années, « Le Canard » s’en est tenu à sa version, et il évaluait lesdits diamants à une somme assez importante. Aujourd’hui encore, quand le journal en parle, il ne démord pas de cette version.
Or la société éditrice du « Canard » sort également tous les trois mois un magazine appelé « Les Dossiers du Canard », fabriqué par d’autres rédacteurs que ceux de l’hebdomadaire. Ce magazine est d’ailleurs installé dans les locaux que « Le Canard » occupait jadis, 2 rue des Petits-Pères, à Paris. Or, dans le numéro 21 du magazine, sept ans après le scandale qui a du reste coûté à Giscard sa réélection à la Présidence, on pouvait lire un passage à propos de « pierres de 0,1 carat invendables ». Le magazine parlait de« ces minuscules pierres sans valeur, achetées 200 ou 300 F sur les marchés internationaux » et concluait : « Ce sont des petits cailloux de ce genre que Bokassa avait offerts à Giscard ».
Mais les lecteurs du « Canard » hebdomadaire n’en ont rien su. C’est beau, la pudeur.