Arrestation musclée

Publié le par Yves-André Samère

Le fondateur de Free, Xavier Niel, avait porté plainte pour diffamation contre « Libération ». Ancien directeur de la publication du journal et donc responsable de son contenu à l’époque des faits, Vittorio de Filippis a été convoqué à plusieurs reprises par la justice, mais, faute d’avoir répondu à ces convocations, un mandat d’amener est délivré contre lui par le juge compétent. Filippis est arrêté chez lui au petit matin, insulté par un policier qui le traite de « racaille », emmené à la PJ, déshabillé entièrement, fouillé de la façon que vous devinez, privé de ses lacets, de sa ceinture, de son téléphone, et on lui refuse la présence des avocats de son journal. Il est mis en cellule, puis, deux heures plus tard, nouveau déshabillage et nouvelle fouille au plus profond de son individu. Enfin, on l’amène menotté devant le juge Muriel Josié, vice-présidente du tribunal de grande instance de Paris.

Scandale, toute la presse explose, y compris « Le Figaro ». Sur l’autre bord, le ministre de l’Intérieur affirme que « la procédure » a été respectée – cependant que le président de la République prétend qu’il « comprend » les réactions de la presse.

L’ennui, dans cette affaire, et on ne va pas faire du politiquement correct, c’est que, des deux côtés, on ment.

Le ministre de l’Intérieur ment, c’est évident : la fameuse procédure n’implique pas que, pour une affaire insignifiante sur le plan de la violence, un prévenu qui ne présente aucun danger soit humilié, puis fouillé intimement comme un terroriste ou un passeur de drogue. Qu’est-ce qu’il était censé cacher dans son rectum, ce monstre ? Les preuves de la diffamation ? Une Kalachnikov ? Une photo non retouchée de Rachida Dati ?

Mais la victime ment aussi ! Filippis prétend qu’il est possible qu’on lui ait envoyé une convocation devant le juge Muriel Josié (en fait, comme dit plus haut, elle lui en a envoyé trois, qu’il a toutes ignorées), mais qu’il a « oublié » de se rendre à la convocation ! Imaginez cela : le pauvre homme reçoit tant de convocations de la part du tribunal de grande instance de Paris qu’il peut bien en « oublier » quelques-unes, dans la masse. Voire toutes !

Et si, tout simplement, ce notable s’était cru au-dessus des lois ?

Résumons : son arrestation était normale, la manière de l’arrêter ne l’était pas.

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