« Chute » du Mur de Berlin ?
Depuis une vingtaine d’années, on nous rebat sans cesse les oreilles avec cette expression : « la chute du Mur de Berlin ». Or elle est absurde et inexacte, à deux titres.
Premier point, dans le langage courant, le mot chute exprime un évènement ACCIDENTEL : tel coureur du Tour de France a fait une chute dans le Tourmalet, un alpiniste fait une chute dans une crevasse, etc. Or la disparition du Mur de Berlin n’a rien eu d’accidentel. Ce fut au contraire une démolition dûment programmée, et programmée en vue d’être médiatisée. Pas une chute... D’ailleurs, a-t-on jamais parlé, à propos du 11 septembre 2001, de la « chute des Tours jumelles du WTC » ?
Second point, la démolition du Mur n’a été qu’une conséquence, un effet – un épiphénomène, si vous voulez – d’un autre évènement bien plus important : la renonciation, de la part des dirigeants de Moscou, à leur système politique, parce qu’il était devenu évident qu’il avait provoqué la ruine économique de l’Empire soviétique. Cet évènement majeur n’avait rien d’un accident, il a résulté de débats certainement longs et pénibles au sein du Soviet Suprême, jusqu’à ce que les thèses gorbatcheviennes s’imposent. Le monde entier, d’ailleurs, connaissait la teneur de ces thèses, symbolisée par ces deux concepts de glasnost et de perestroika, dont il avait été question durant des années. Autrement dit, l’effondrement du communisme soviétique a lui aussi été programmé... et n’a pas été la conséquence de la démolition d’un mur !
Confondre l’effet avec la cause pour la seule raison que c’est un « symbole fort », comme on dit dans les journaux, c’est un peu comme si, parlant de la Révolution Française, on évoquait uniquement la prise (et la démolition, là aussi) de la Bastille ! Mais ces réflexions, que chacun pourrait faire, on ne les lit et ne les entend nulle part. Si bien que les jeunes générations, qui ne sont pas toujours à la pointe de l’information, risquent de ne retenir, de la disparition du communisme, que des images de chantier.