« Les temps changent »... mais pas la télé
Annoncé à grand renfort de publicité, le téléfilm d’hier soir sur France 2 s’intitulait Les temps changent, et il était destiné à nous avertir de ce qui nous attendrait si nous ne luttons pas contre l’effet de serre. « Le Canard enchaîné », qui a vu ce téléfilm en avant-première, en dit beaucoup de bien, mais le critique Bernard Thomas n’a rien d’un scientifique, c’est un écrivain et spécialiste du théâtre ! Sa seule objection consiste à noter que les acteurs (tous inconnus, à l’exception de Vernon Dobtcheff, et du niveau de ces mères de famille nunuches qu’on peut admirer dans les spots publicitaires) disaient « comme des sacs de patates des dialogues assez plats » et que « la lourdeur de certaines séquences freine l’enthousiasme ». Mon enthousiasme a été plus modéré, quant aux dialogues, en voici deux échantillons : face à la dernière ourse blanche vivante, une zoologue s’écrit « Mange-moi si tu veux, ce sera un honneur » ; et deux jeunes Noirs traversant le désert marocain ont cet échange très tiers-mondiste : « T’es dingue ? On va l’traverser, c’te saloperie de désert ! », un style oratoire courant au Sahara.
Comme d’habitude, le réchauffement de l’atmosphère est entièrement attribué au gaz carbonique, sans qu’il soit jamais fait la moindre allusion au méthane et à la vapeur d’eau, qui sont bien plus responsables. Mais quoi, il est plus facile, en théorie, de restreindre la production du premier que des deux autres, et on n’est pas près d’entendre un autre refrain plus réaliste.
Autres perles pseudo-scientifiques, ces images répétées de gratte-ciels noyés sous les eaux, ce qui suppose une élévation du niveau des mers de plusieurs dizaines de mètres, alors que l’hypothèse la plus pessimiste (un degré de plus entraînant une élévation de ce niveau d’un mètre environ – voir la notule précédente) est loin de valider une telle supposition ; et ce « remède » miracle : multiplier les éoliennes (dont j’ai dit tout le bien qu’il faut en penser) et les barrages hydro-électriques (il n’y a plus un seul site exploitable sur les fleuves, on a déjà utilisé tous les endroits possibles).
Pour ne pas tirer sur un corbillard, je ne ferai pas allusion à la musique accompagnant ce téléfilm, tantôt tire-larmes, tantôt musique de bastringue avec force accompagnement à la batterie dans les passages optimistes. Ce téléfilm a coûté une fortune en tournage dans plusieurs pays et en trucages numériques. Cela tombe bien, la télé de service public a de l’argent de reste en ce moment.