Pagnol revu par Francis Huster
S’il y a un spectacle auquel je n’irai pas, c’est la trilogie de Pagnol mise en scène par Francis Huster. Déjà, j’ai boycotté son film avec Belmondo. Huster n’est compétent, ni pour réaliser un film (le sien a fait un bide sanglant), ni pour s’approprier Pagnol. Et encore moins pour jouer le rôle de Panisse !
Rappelons à ceux qui débarquent de la Lune et n’auraient pas connaissance de l’œuvre de Pagnol, que la jeune Fanny, mise enceinte par Marius, le fils de César, épouse un « vieux » qui a de l’argent, Panisse, pour échapper au déshonneur engendré par la condition de fille-mère, comme on disait alors. Bien entendu, cette intrigue ne marche absolument plus aujourd’hui, en dépit de ce qu’affirment certains, aussi faut-il prendre garde à conserver rigoureusement les données d’origine. En premier lieu, ne pas « moderniser », puisque tout repose, précisément, sur le fait qu’on a là des mœurs d’un autre temps. Ne pas chercher non plus à modifier les personnages, et c’est pourquoi, outre l’erreur de faire jouer César par Jacques Weber, le fait d’attribuer à Francis Huster le rôle de Panisse relève de la folie furieuse : si le « vieux » qu’on épouse est un homme séduisant et relativement jeune, on se demande en quoi Fanny se sacrifie.
Cela me rappelle une mise en scène ridicule d’Antoine Vitez, qui, donnant L’école des femmes, faisait jouer Arnolphe (un « barbon », prévoyait Molière) par un gaillard de vingt-cinq ans au teint vermeil et qui passait son temps à porter les gens sur son dos, alors que le jeune et séduisant Horace était montré comme une sorte d’avorton qui se roulait par terre en poussant des cris inarticulés ; au point que les spectateurs éberlués se demandaient pourquoi cette idiote d’Agnès pouvait préférer le second au premier !
Mais c’est ainsi depuis que les metteurs en scène de théâtre sont plus intelligents que les auteurs.