Les gaietés de la correctionnelle

Publié le par Yves-André Samère

Voici une petite histoire édifiante, dont vous voudrez bien noter la chronologie. Certes, la victime est cette fois un journal de droite, mais toutes les opinions sont libres dans ce cher et vieux pays.

Pierre Bodein était un criminel dangereux, qui avait été libéré par anticipation. Quelques semaines après sa libération, il avait récidivé en tuant trois personnes, dont deux enfants, dans des conditions atroces. Repris, il avait été condamné à perpétuité par la cour d’assises, en 2007.

Bodein fit alors appel. Sans attendre le jugement de la cour d’appel, le journal « Valeurs actuelles » avait publié un article sur son site Internet, racontant cette histoire. Et Bodein avait poursuivi le journal pour « atteinte à sa présomption d’innocence ».

Le 2 octobre 2008, une autre cour d’assises confirme en appel la sentence précédente : Bodein est bien condamné à perpète. En toute logique, on pourrait penser que la plainte de Bodein contre le journal aurait dû être annulée.

Eh bien non ! Le 26 février 2009, la cour d’appel de Colmar a condamné « Valeurs actuelles » à payer de lourds dommages et intérêts à l’assassin pour réparer ce qu’elle appelle son « préjudice moral ».

L’honneur d’un assassin d’enfants, ça n’a pas de prix.

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

D
Le cas Dray n'a rien à voir, si ce n'est que notre République devient bananière. Et, justement, le pauvre, n'étant pas sous instruction, ne peut pas arguer de cette présomption d'innocence. Et c'est pourquoi, aussi, des gens comme lui demandent à être inculpés pour avoir accès au dossier et être protégés par ce principe. Le juge n'avait pas de marge de manoeuvre dans le cas de Bodein, si ce n'est rabaisser le truc au "franc symbolique". Mais il était obligé de condamner, au vu de ce "grand principe de droit".
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D
Le journal a été condamné à juste titre, car, quel que soit le crime, il y a un principe de droit immuable, la "présomption d'innocence" qui permet de préserver l'inculpé, avec l'instruction "à charge et à décharge" avant son procès. Bon, cela fait rire, mais théoriquement c'est ce qui doit être fait. D'ailleurs, Sarkozy peut être poursuivi pour les mêmes faits à propos de Colonna, qu'il avait taxé d'assassin du Préfet AVANT son procès. Sauf que la "loi Chirac" épargne d'un procès quelconque le président de la République pendant son mandat...
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Y
<br /> <br /> En foi de quoi, Julien Dray a été persécuté par la police, les journaux et les humoristes, alors qu’il n’y a aucune charge contre lui, aucune instruction ouverte, aucun juge d’instruction<br /> désigné. Pour Bodein, il avait tout de même été condamné. L’appel est suspensif, certes, mais une fois la sentence copnfirmée en appel, le bon sens aurait consisté à enterrer sa plainte. Ou, au<br /> pire, à prononcer l’acquittement du journal. Le juge a fait preuve de stupidité, car il avait la latitude d’apprécier les circonstances,  au lieu d’appliquer mécaniquement la loi. C’est à ça<br /> que servent les juges.<br /> <br /> <br /> <br />