Festival de plouqueries
Médecins sans frontières m’écrit, afin de m’inciter à cotiser. Je ne dis pas que je ne le ferai pas, mais... Pour mieux m’inciter, Médecins sans frontières me fait deux cadeaux (et pas « m’offre deux cadeaux ! »). D’abord, une carte du monde à punaiser au mur, je suppose. Ensuite, une série de seize autocollants au format 45 mm × 27 mm, illustrés, en couleurs, que je suis censé... coller sur les enveloppes des lettres que je poste. Certes, cela suppose que je confie encore des lettres à la Poste, hypothèse burlesque : on sait trop, ou plutôt on ne sait pas, ce que deviennent ensuite ces malheureuses missives, et la vieille plaisanterie de Sophie Daumier sur la confusion entre boîte aux lettres et bouche d’égoût est plus que jamais d’actualité.
Revenons à nos auto-collants. Huit modèles différents, tous en double, très bien. Mais là, sur chacun, en un peu plus de 12 centimètres carrés, quatre bourdes.
Passons sur le fait que la lettre jointe m’appelle « Monsieur » suivi de mon nom, histoire de faire comme les gens de langue anglaise. Autrefois, il était très mal vu d’appeler monsieur Martin « monsieur Martin » : quand on était poli, on se contentait de dire « Monsieur », faute de quoi on laissait entendre que monsieur Martin était hiérarchiquement un subalterne. Passons, on ne va pas faire de l’archéologie. Mais sur les étiquettes auto-collantes elles-mêmes, je relève ce qui suit.
Premièrement, on indique mon identité complète suivie de mon adresse complète. Pourquoi pas mon numéro de téléphone et mes adresses électroniques ? Je suis censé coller cela sur mes lettres. Croyez-vous que j’aie envie de divulguer tous ces renseignements au premier venu, qui, probablement, s’empressera de m’envoyer de la publicité ? Deuxièmement, on fait précéder mon nom de la mention « Mr ». Toutes les personnes un peu cultivées savent qu’en français, l’abréviation de « monsieur » n’est pas « Mr », mais « M. » ! Troisièmement, on mentionne mon nom AVANT mon prénom. Elle est bien bonne ! Imaginez « Un film d’Hitchcock Alfred, avec Kelly Grace et Grant Cary »... On ne fait cela que dans l’armée ou à l’école. Dans toute l’Europe, on fait précéder le nom par le prénom, pas l’inverse (sauf en Hongrie, je crois, mais ce serait à vérifier). Quatrièmement, ces étiquettes, je suis censé les utiliser moi-même, et si je le faisais (Satan m’en garde !), je serais ainsi amené à me donner à moi-même du « Monsieur », faute grossière que seul un plouc achevé commettrait.
Les étiquettes de Mr Médecins sans frontières sont parties à la corbeille.