Sarkozy et Guaino racistes ? Simplement ploucs ?
Aujourd’hui, Sarkozy est en Afrique, et il fait au Congo le même coup qu’en Inde l’année dernière, il n’y passe que quelques heures et ne couche pas sur place. Les Africains sont souvent courtois et ne lui disent pas en face que c’est, au mieux, un grand maladroit, au pire, un grossier personnage, mais on sait que le cœur y est.
C’est que le président actuel, au contraire de ses deux prédécesseurs, est très mal vu sur le continent africain, surtout depuis son fameux discours de Dakar, prononcé à l’Université de cette ville le 26 juin 2007. Et justement, le véritable auteur de ce discours, Henri Guaino, était hier matin l’invité de France Inter, et un auditeur l’a asticoté sur cette question, laissant entendre que cet inoubliable écrit était un peu raciste – outre sa maladressse extrême. Réaction de Guaino : pas du tout, ce que j’ai voulu dire dans ce discours, c’est que nous tendions la main aux Africains et que nous voulions les aider, sous réserve qu’ils s’aident eux-mêmes.
Mais Guaino fait comme tout le monde, quand on lui pose une question gênante, soit il répond à côté (méthode Ségolène Royal), soit il ment (méthode Le Pen, qui ne manque donc pas de disciples).
Pour vous faire une opinion sur la manière dont la France éternelle entend aider les Africains et leur tendre la main, il ne serait pas mauvais de relire (comme on dit quand on prétend qu’on a « relu Proust » pendant le dernier week-end) le discours en question. On appréciera notamment des phrases exquises telles que « Je veux m’adresser à tous les habitants de ce continent meurtri, et, en particulier, aux jeunes, à vous qui vous êtes tant battus les uns contre les autres et souvent tant haïs, qui parfois vous combattez et vous haïssez encore », si pleine de tact. Ou encore : « L’Afrique a sa part de responsabilité dans son propre malheur. On s’est entretué en Afrique au moins autant qu’en Europe ». Certes, c’est vrai, mais ce n’est pas le genre de propos qu’on tient face à des gens qui vous reçoivent ; sinon, autant rappeler aux Allemands que leurs grands-parents ont été nazis. De même, « La colonisation n’est pas responsable de toutes les difficultés actuelles de l’Afrique. Elle n’est pas responsable des guerres sanglantes que se font les Africains entre eux. Elle n’est pas responsable des génocides. Elle n’est pas responsable des dictateurs. Elle n’est pas responsable du fanatisme. Elle n’est pas responsable de la corruption, de la prévarication. Elle n’est pas responsable des gaspillages et de la pollution ». Là encore, une vérité, mais pas bonne à dire, ou pas à cet endroit.
Je ne reproduis pas tous les passages qui ont scandalisé, car ils sont trop nombreux et, en cherchant un peu, vous pouvez les lire sans moi. Cependant, je répète que, lorsqu’on s’adresse à des Africains, gens très susceptibles, on marche sur des œufs et on évite de se croire dans un salon du septième arrondissement. Ce discours n’était pas raciste dans les intentions, mais même un raciste authentique aurait pris davantage de précautions.