Paradis fiscaux : Jersey

Publié le par Yves-André Samère

Vous ne la trouvez pas comique, cette agitation du G20 sur les paradis fiscaux, sachant que ce remue-ménage médiatique s’est fait à Londres ? C’est en effet le Royaume-Uni de la chère Lilibeth qui bat tous les records des paradis fiscaux. Tenez, les Îles Anglo-Normandes, un archipel au large de notre Cotentin. Il compte moins d’une demi-douzaine d’îles, dont les plus grandes, Jersey, Guernesey et Sark, sont TOUTES des paradis fiscaux !

Le plus célèbre est Jersey, auquel rend hommage un film allemand sorti cette semaine, Let’s make money. Ce minuscule territoire, qui ne dépasse pas les dix-neuf kilomètres dans sa plus grande dimension, réunit dans sa capitale Saint-Hélier les succursales des plus grandes banques mondiales, qui ont reçu en dépôt quelque cinq cent milliards de dollars. Mais il y a mieux, la grande spécialité locale, le trust !

Un trust, à Jersey, c’est une société qui installe et enregistre son siège social sur place. Il suffit de donner le nom de sa société et d’indiquer une adresse locale, qui peut être une simple boîte postale. Attention : le nom de la société, pas celui du propriétaire ! Autrement dit, si demain je désire créer à Jersey une société Tartempion & Fils, ou Carlita Inc., ou Mafia Limited, rien de plus simple, il me suffira de faire appel à l’un des innombrables avocats qui peuplent l’endroit, et qui accomplira pour moi les formalités. Vite et bien, il a l’habitude, c’est pratiquement sa seule activité. Ensuite, l’adresse postale que j’aurai fournie pourra renvoyer, par exemple, à une banque luxembourgeoise, qui ouvrira un ou plusieurs comptes pour moi dans les Îles Caïman, et je serai désormais à l’abri définitif de tout souci : cet imbroglio international empêche de remonter jusqu’à moi, et je pourrai trafiquer tant et plus, blanchir tout l’argent que je voudrai, spéculer à mort dans l’immobilier ou les ventes d’armes, sans qu’aucune Eva Joly, aucun Renaud Van Ruymbeke puisse venir y mettre son nez.

C’est si pratique que la plupart des banques françaises ont eu recours à des paradis fiscaux, pour y abriter une ou plusieurs filiales ou autres structures. La Poste possède 1 filiale dans un tel endroit ; Dexia en possède 9 ; la Société Générale, 22 ; le Crédit Agricole, 38 ; les Banques Populaires, 57 ; et la BNP, 71 ! Vous pariez que toutes ces honorables maisons vont scier les branches sur lesquelles elles sont assises ?

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