Impertinence ou insolence ?
Frédéric Schlesinger est actuellement directeur de France Inter. C’est un homme intelligent, avec lequel j’ai eu quelques échanges courtois – ce qui ne signifie pas que je suis d’accord avec lui sur tous les plans. Comme c’est lui qui a remplacé Jean-Luc Hees à la direction de France Inter et que Hees revient comme président de Radio-France, on peut douter que Schlesinger reste à son poste ; en fait, personne n’y croit beaucoup. D’autant moins qu’il a envoyé un coup de chapeau au président viré, Jean-Paul Cluzel : « Je viens de passer à ses côtés cinq années de bonheur absolu. C’est un monsieur d’une rigueur extrême, mais en même temps extrêmement cordial. Je crois que son bilan est formidable. [...] Il a beaucoup changé la radio publique, il l’a beaucoup modernisée ». Si on sait lire entre les lignes, Hees a dû apprécier. D’ailleurs, histoire de brûler ses vaisseaux, Schlesinger rappelle que ce n’est pas lui qui a recruté Stéphane Guillon, mais... Hees himself ! Schlesinger s’est contenté de le déplacer du Fou du Roi vers la tranche horaire du matin, dit-il.
Tout cela est bien beau, mais je regrette qu’il donne un avis favorable sur Guillon : « Je pense que Stéphane Guillon a toute sa place sur France Inter et que son impertinence n’est pas un manque de pertinence, c’est une insolence ». Ouais, mais Schlesinger a tort de confondre impertinence et insolence, qui ne sont pas du tout synonymes. Au contraire, d’un certain point de vue, ces deux notions s’opposent nettement. L’impertinent, qui s’attaque en toute conscience à plus puissant que lui, fait preuve de courage. L’insolence est plutôt le propre des « petits jeunes gens », comme disait Montherlant, lesquels n’ont pas conscience d’être grossiers envers des personnes qui les dépassent en tout, et n’agissent ainsi que par bêtise. Lorsque Guillon, ce moucheron importun, insulte un Dominique Strauss-Kahn dont il est loin d’avoir l’intelligence, on a l’impression que Steevy Boulay veut corriger les fautes de syntaxe de Voltaire.