Vendre deux fois ses salades
D’accord, on adore Pierre Desproges. Mais pour ce qui est vendre deux fois ses salades, il était virtuose, le Pierrot. Que dis-je, deux fois ? Jusqu’à six fois ! Il donnait une chronique au tribunal des Flagrants Délires, puis la replaçait l’année suivante sur Radio Monte-Carlo (quand Claude Villers y est devenu directeur des programmes après avoir démissionné de France Inter pour cause d’augmentation refusée de son budget, et qu’il a emporté Desproges dans ses bagages), puis la recasait dans la seconde saison du Tribunal après le retour de Villers à Radio France, puis la vendait au « Pilote » mensuel qui accueillit ses textes quelques années, puis la replaçait dans le « Crapouillot », enfin l’insérait dans un de ses livres, et j’en oublie peut-être.
Fort de cet exemple venu de (très) haut, l’ineffable Jean Miot, qui s’était illustré il y a trois semaines dans « Valeurs actuelles » en publiant un billet intitulé « La honte de Radio France » dirigé contre une chronique de Didier Porte – dont il suffisait, pour être certain qu’il ne l’avait seulement pas entendue, de lire sa prose –, Jean Miot, disais-je, publie dans le même journal un billet consacré à « L’“affaire” Pierre Perret », que j’ai évoquée le 17 avril. Or, ce billet de Miot, je l’ai lu sur Internet, tel quel, il y a une semaine !
Je suggère par conséquent que nos hommes politiques s’inspirent de ces exemples. Que dis-je ? Ils le font déjà ! Lorsque Nicolas Sarkozy annonce qu’on va faire une loi en réaction à tel ou tel fait divers, en général concernant la sécurité, on finit toujours par découvrir que la « nouvelle » loi existait déjà, et qu’on avait tout bêtement oublié de l’appliquer !
C’est réconfortant, Desproges fait école.