« Q and A »
C’est l’abréviation de Question and Answers (Questions et réponses), le livre qui a donné naissance à ce film assez mauvais qu’était Slumdog millionaire, et qui a été publié en France sous le titre Les fabuleuses aventures d’un Indien malchanceux qui devint milliardaire. Rien d’autobiographique dans ce livre, qui est l’œuvre d’un diplomate, Vikas Swarup, en poste au ministère des Affaires Étrangères de New Delhi.
Sur la foi des affirmations de certaines personnes qui attestaient que le livre dépassait de loin le film, je l’ai lu, et mon impression est mitigée. Certes, les outrances du film sont absentes du livre, alors que le côté picaresque du livre et son style sarcastique (il est écrit à la première personne par un personnage désabusé) sont absents du film. Ce qui est certain, c’est que le livre, d’une lecture très facile, est plus agréable à suivre que le film, ironie aidant.
L’histoire est celle du jeune Ram Mohammad Thomas, dont le nom bizarre atteste qu’il a été baptisé ainsi pour satisfaire les trois religions du pays, alors que, dans le film, on l’a nommé « Jamal K. Malik », pour en faire donc un musulman – allez savoir pourquoi. Ce jeune homme parle assez bien l’anglais, car, orphelin, il a été élevé par un prêtre venu de la ville d’York. Cette histoire est totalement différente du scénario racoleur qui en a été tiré, et sa construction laisse voir les ficelles : on alterne les scènes où le jeune Ram visionne avec son avocate (elle l’a tiré des griffes de la police) le DVD de l’émission Qui veut gagner un milliard ?, et les retours en arrière qui expliquent comment ce jeune homme peu instruit pouvait connaître les réponses posées durant le jeu. Ce n’est pas sans artifices, mais il y a tout de même des passages émouvants, comme la mort du jeune Shankar, fils de reine abandonné par sa mère.
Tout ce qu’on aime dans le livre est absent du film, dont l’adaptation m’a semblé extrêmement maladroite, et l’épilogue dansé, absurde. Mais l’histoire contée par le roman n’en est pas moins très artificielle, je le répète. Ses invraisemblances doivent sans doute être mises sur le compte du genre : la fable morale. Il n’empêche que le tout est un peu bancal. Je ne suis pas certain que l’auteur soit un grand romancier.
Mais faites-vous votre propre opinion.