Volonté politique et mal-bouffe

Publié le par Yves-André Samère

On sait depuis 1990 que la consommation d’acides gras trans (AGT) augmente le taux de « mauvais » cholestérol et réduit le « bon ». Ces acides, d’origine artificielle, entrent dans la composition des margarines utilisées pour la fabrication des viennoiseries, biscuits, pâtes à pizza et autres délices.

En avril 2008, l’Inserm a publié un rapport démontrant un lien entre les AGT et le cancer du sein et du colon, alors que, déjà en 2005, un rapport publié par l’Afssa estimait à 5% la part de la population française, soit 2,5 millions de personnes, qui consommaient trop de ces matières grasses. Ce rapport de 2005 recommandait de se limiter à UN gramme d’AGT pour 100 grammes de produit, et demandait ainsi aux industriels de réduire leur recours à ces matières dans un délai de deux ans. Donc, en 2007, tous les problèmes auraient dû être résolus ? Eh bien non ! En février 2009, le magazine « Que Choisir » a publié une étude révélant une présence trop élevée d’AGT « artificiels » dans les croissants. Merci aux boulangers !

Or, pour de nombreux produits, notamment les plats cuisinés et les produits des magasins hard discount, l’indication de la présence d’AGT est absente de l’étiquetage. Dans ces conditions, comment savoir ce qu’on mange ? Il est rare de trouver la mention « acides gras trans » sur l’étiquette d’un produit, elle se cache plutôt sous la vague dénomination « matières ou huiles hydrogénées » ou « acides gras hydrogénés ».

Que fait dans ce cas le gouvernement ? Il sévit ? Non, il fait des « recommandations ». Terrifiant ! En 2005, une de ces recommandations, celle de l’étiquetage obligatoire des produits et de leur teneur en pourcentage en AGT, était restée lettre morte. Pour l’instant, en France, les AGT ne sont pas interdits et l’étiquetage n’est pas obligatoire. La Direction Générale de la Consommation, de la Concurrence et de la Répression des Fraudes ne peut rien faire faute de réglementation, et le ministère de la Santé prône la sensibilisation du consommateur avec des « plans nutrition ». Le ministère s’est contenté de « proposer (sic) des engagements » aux entreprises, mais seules deux ont décidé de s’y soumettre : Unilever et Saint-Hubert.

Quant à l’Inspection des finances et l’Inspection générale des affaires, elles proposaient (elles aussi) en juillet 2008 de surtaxer la mal-bouffe, mais le projet est tombé à l’eau, comme de juste.

Autrement dit, que le consommateur se débrouille pour faire appliquer des précautions que la loi ne prévoit pas. Do it yourself...

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :