Traduttore, traditore
Pour ceux qui ne connaissent pas l’italien, ce titre pourrait signifier « traduction égale trahison ».
Dans un recueil de ses essais sur la littérature, Vladimir Nabokov donne son opinion sur ce que doit être un traducteur – ce que lui-même a été, ayant traduit du russe vers l’anglais. Il affirme qu’il est préférable de très bien connaître la langue cible, plutôt que la langue source. En clair, si vous traduisez du russe vers l’anglais, il est certes important de connaître le russe, mais il est indispensable de savoir encore mieux l’anglais !
Je partage cette opinion, et voici un exemple authentique.
J’ai revu hier le fameux film d’Hitchcock, North by Northwest (en français, La mort aux trousses), dans sa version originale sous-titrée en français. Or, à quatre reprises, le personnage incarné par Cary Grant est qualifié, tantôt par lui-même et tantôt par quelqu’un d’autre, d’advertising man. Quiconque connaît un peu l’anglais comprend qu’il est dans la publicité, que, par conséquent, c’est un publicitaire. Mais l’auteur des sous-titres, qui a parfaitement compris le sens de l’expression, la traduit néanmoins par le mot publiciste.
Voici donc un cas flagrant dans lequel le traducteur connaît bien la langue source, l’anglais, et mal la langue cible, le français. S’il avait mieux su le français, il n’aurait pas confondu un publicitaire (un homme qui travaille dans la publicité) et un publiciste (un juriste dont la spécialité est le droit public – et autrefois, un écrivain politique ou un journaliste). Il aurait ainsi évité une bévue... et une faute professionnelle.