« Chat en poche » sur France 2
Hier soir avait lieu la dernière, au Théâtre Saint-Georges, de la pièce de Georges Feydeau Chat en poche, écrite à 26 ans, et France 2 l’a retransmise en direct. Je connaissais bien cette pièce pour l’avoir lue plusieurs fois, mais ne l’avais jamais vue sur scène, car elle est assez peu représentée.
Au contraire du désastre récent de La dame de chez Maxim, qui réunissait tout ce qu’on ne doit pas faire, cette représentation-ci était tout à fait honorable, et le metteur en scène, Pierre Laville, ne s’est pas cru autorisé à faire le malin et à se croire plus intelligent que l’auteur. Bref, il a montré du Feydeau, et c’est ce qu’il fallait : mise en scène modeste, huit acteurs bien dirigés, des costumes pas trop extravagants, un rythme solidement respecté, et les astuces du dialogue audibles. Toute l’intrigue repose sur des quiproquos, surtout à propos des noms des personnages et de la composition des deux couples de bourgeois.
Les meilleurs acteurs de la pièce étaient Valérie Mairesse, excellente dans le rôle d’une grosse dame qui s’illusionne en se croyant encore capable de faire battre le cœur des jeunes gens, et Jean Benguigui en industriel du sucre ayant fait fortune « grâce à l’exploitation des diabétiques » et désireux de monter une nouvelle version du Faust de Gounod réécrite par sa fifille.
Je ne ferai qu’une petite réserve sur Arthur Jugnot, l’étudiant en droit pris pour un ténor. Non qu’il soit mauvais, mais il est un peu trop moderne dans son jeu, et ce léger anachronisme détone un peu. En revanche, David Macquart, qui joue le fiancé de la fille (pas très enthousiaste, le fiancé, car il préfère aller voir ailleurs), est excellent. Il avait déjà été remarqué dans Le cabaret des hommes perdus, fameuse comédie musicale « gay » récompensée par, je crois, deux Molières.