Le testament étatsunien

Publié le par Yves-André Samère

La justice telle qu’on la conçoit aux États-Unis n’est pas la seule à offrir des bizarreries à nos yeux éblouis de retardataires européens. La législation sur la transmission des biens n’est pas non plus piquée des hannetons.

Ainsi a-t-on appris que, par testament, Michael Jackson léguait toute sa fortune, non pas à ses enfants comme ce serait le cas chez nous (avec un petit aménagement que je rappellerai plus loin), mais à la fondation qui s’occupe de l’image et des intérêts de sa famille – ce qui est légèrement différent. Du reste, on savait déjà qu’aux États-Unis, il est parfaitement possible de déshériter ses enfants ! Ainsi, les trois enfants du chanteur dépendront du bon vouloir de l’administrateur de ladite fondation.

Admettons, mais il y a plus « choquant », comme disent les âmes sensibles qui me lisent par millions. Le défunt a aussi écarté complètement la mère, qui ne pourra pas s’occuper des trois moutards. Lesquels seront confiés, pour être élevés, soit à leur grand-mère, déjà âgée de 79 ans, soit... à une copine de l’agité, une chanteuse aussi, Diana Ross. Admirable ! Au pays qui a légué au monde le rap et la chaise électrique, non seulement l’argent est mieux protégé que les personnes, mais on peut aussi « léguer » ses enfants à qui on veut.

Petit rappel de la loi française : chez nous, il est IMPOSSIBLE de déshériter ses enfants. Tout au plus peut-on prévoir, sur l’héritage, une part supplémentaire appelée « réserve », dont le montant est légué à qui bon nous semble. En pratique, si vous avez un enfant, vous pouvez faire deux parts ; si vous avez deux enfants, vous pouvez faire trois parts ; et si vous avez trois enfants, vous pouvez faire quatre parts. Le montant d’une de ces parts (voire moins) peut aller à l’héritier de votre choix. Bizarre, mais pas si farfelu... à condition d’admettre que les enfants d’un mort doivent hériter de quelque chose qu’ils n’ont pas gagné, ce qui est une autre histoire.

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

D
Entièrement d'accord. Ce que je veux dire, c'est qu'il est quand même fort de café qu'on puisse abandonner à la rue des enfants mineurs, si l'on a les moyens de leur léguer de quoi s'éduquer et vivre. Quant aux héritiers majeurs d'immenses fortunes... cela mérite un large débat. J'ai connu un industriel qui a légué ses usines à son fils au détriment de ses filles "car il saura gérer ces usines dans la continuité de ce que j'ai déjà réalisé". Ouais : trois mois après l'héritier les vendait à un groupe japonais !
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Y
<br /> Des enfants mineurs abandonnés à la rue, je ne sais pas si c'est déjà arrivé. Même déshérités, les enfants de riches ont de quoi vivre. Comme disait Henri Jeanson à propos de producteurs de cinéma,<br /> « J’en ai connu de ruinés, je n’en ai pas connu de pauvres ! »<br /> <br /> <br />
D
Il est à souligner que cela n'a pas l'air de déranger les Etatsuniens de ne pas laisser un cent en héritage à des enfants mineurs. Or, il me semble que la moindre des choses c'est d'assurer l'éducation et l'entretien de ses enfants jusqu'à leur majorité.
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Y
<br /> Oui, mais pas forcément plus. Quant à léguer un empire à un fils à papa, au surplus adulte donc en âge de travailler pour gagner sa vie, du genre Martin Bouygues ou Arnaud Lagardère, je demande à<br /> réfléchir.<br /> <br /> <br />