Le testament étatsunien
La justice telle qu’on la conçoit aux États-Unis n’est pas la seule à offrir des bizarreries à nos yeux éblouis de retardataires européens. La législation sur la transmission des biens n’est pas non plus piquée des hannetons.
Ainsi a-t-on appris que, par testament, Michael Jackson léguait toute sa fortune, non pas à ses enfants comme ce serait le cas chez nous (avec un petit aménagement que je rappellerai plus loin), mais à la fondation qui s’occupe de l’image et des intérêts de sa famille – ce qui est légèrement différent. Du reste, on savait déjà qu’aux États-Unis, il est parfaitement possible de déshériter ses enfants ! Ainsi, les trois enfants du chanteur dépendront du bon vouloir de l’administrateur de ladite fondation.
Admettons, mais il y a plus « choquant », comme disent les âmes sensibles qui me lisent par millions. Le défunt a aussi écarté complètement la mère, qui ne pourra pas s’occuper des trois moutards. Lesquels seront confiés, pour être élevés, soit à leur grand-mère, déjà âgée de 79 ans, soit... à une copine de l’agité, une chanteuse aussi, Diana Ross. Admirable ! Au pays qui a légué au monde le rap et la chaise électrique, non seulement l’argent est mieux protégé que les personnes, mais on peut aussi « léguer » ses enfants à qui on veut.
Petit rappel de la loi française : chez nous, il est IMPOSSIBLE de déshériter ses enfants. Tout au plus peut-on prévoir, sur l’héritage, une part supplémentaire appelée « réserve », dont le montant est légué à qui bon nous semble. En pratique, si vous avez un enfant, vous pouvez faire deux parts ; si vous avez deux enfants, vous pouvez faire trois parts ; et si vous avez trois enfants, vous pouvez faire quatre parts. Le montant d’une de ces parts (voire moins) peut aller à l’héritier de votre choix. Bizarre, mais pas si farfelu... à condition d’admettre que les enfants d’un mort doivent hériter de quelque chose qu’ils n’ont pas gagné, ce qui est une autre histoire.