Taper sur Claude Allègre
C’est le sport à la mode, et d’autant plus facile à pratiquer qu’il est sans risque : Allègre est souvent maladroit et se défend mal ; il possède aussi au plus haut degré l’art de se rendre antipathique par l’emploi d’un vocabulaire pas toujours bien choisi, comme son fameux « dégraisser le mammouth », boulet qu’il va traîner jusqu’à la fin de ses jours, puisque les explications qu’il en a données a posteriori n’ont été écoutées par personne.
Le choix de ses thèmes ne fait rien non plus pour arranger la situation. Comment voulez-vous être populaire quand vous dites, du fameux Protocole de Kyoto, que c’est « l’un des traités internationaux les plus absurdes qui aient jamais vu le jour » ? Or il est intouchable, le Protocole de Kyoto, dans l’esprit populaire ! L’ennui, c’est qu’en l’occurrence, Allègre n’avait pas tort, ce traité est ridicule.
En 1997 se réunissent à Kyoto, ville japonaise historique, les représentants de 188 pays, quasiment la planète entière, pour tenter de définir la conduite à tenir dans l’avenir afin de réduire les émissions de gaz carbonique dans l’atmosphère. Beaucoup de pays signent le traité établi, parmi lesquels trente-huit nations industrialisées, qui s’engagent à réduire leurs émissions de gaz carbonique en 2008 (et au plus tard en 2012), à raison de 5,2 % par rapport à leur niveau de 1990 ; notamment l’Union européenne, responsable d’environ un huitième des émissions mondiales, qui va jusqu’à promettre une réduction de 8 % de ses émissions. Et, pour sa part, la France promet de maintenir les siennes à leur niveau antérieur – déjà très faible –, promesse qu’elle a tenue.
Ce traité a été diversement appliqué, et n’est devenu effectif que lorsque la Russie l’a enfin signé... en 2005 ! Mais les États-Unis, comme on sait, ont refusé de signer. Rappelons que, sur le moment, George Bush n’y était pour rien, bien qu’on ne cesse de lui mettre sur le dos la responsabilité de ce refus, puisque les États-Unis étaient alors dirigés par Bill Clinton et... Al Gore ! On en reparlera, car il y a là-dessus un malentendu, Bush a fait une boulette, mais elle était d’un autre ordre.
Or, malgré le Protocole, les émissions de gaz carbonique, entre 1990 et 2008, ont... augmenté de 43 % ! N’était-il pas possible de le prévoir ? N’était-il pas possible de prévoir que les pays du tiers-monde, qui n’ont pas signé le traité, augmenteraient leurs émissions de façon considérable ? Au point que la Chine doublerait les siennes ? A-t-on vraiment cru que, parce que certains pays développés « donneraient le bon exemple », celui-ci serait suivi ?
C’était idiot, car ces réductions des émissions de gaz carbonique coûtent très cher, et les pays pauvres ne peuvent pas en assumer les frais. Or, tout ce que nous nous abstenons de brûler (pétrole, gaz, charbon) sera brûlé par d’autres pays, non pas pour satisfaire comme chez nous le petit confort personnel de leurs habitants, mais parce qu’il s’agit pour eux d’une question de vie ou de mort ! Allez prêcher, à des pauvres qui se gèlent, qu’ils ne doivent pas se chauffer ! Demandez à ceux qui s’éclairent à la bougie de renoncer à l’électricité ! Rappel : quatre cent millions d’Indiens sont dans ce cas, et, chaque année, un demi-million d’Indiens meurent d’un cancer du poumon engendré par la fumée du foyer allumé dans la pièce (unique) où ils tentent de survivre...