Libéralisme ou néolibéralisme ?
Le libéralisme et le néolibéralisme sont deux notions très différentes. En fait, elles n’appartiennent pas au même domaine. Le libéralisme est une aspiration politique, laquelle tend à rechercher le bien de tous et réclame l’autonomie de chaque individu, considéré comme responsable. Le néolibéralisme est une théorie économique qui fait l’apologie du marché, prônant que l’État doit se mêler le moins possible d’économie ; en clair, qu’il ne doit pas réguler.
Confondre les deux relève de trois attitudes : soit on affecte sciemment de les confondre ; soit on les confond par ignorance ; soit on sait que ces deux notions n’ont rien de commun, mais on s’en fiche parce que cette confusion est une source inépuisable de plaisanteries vaseuses ou de chroniques politiques frisant l’imposture. Ces trois attitudes définissent par conséquent trois catégories d’individus.
À la dernière catégorie appartiennent les humoristes, dont quelques-uns (pas tous) possèdent des notions leur permettant de faire la différence, mais qui préfèrent ignorer la réalité, parce que cela permet, par exemple, de se payer la binette d’un homme politique ; relèvent aussi de cette catégorie les journalistes, et notamment les commentateurs politiques, pourtant censés savoir de quoi ils parlent, mais que l’honnêteté intellectuelle n’étouffe pas forcément dès qu’il s’agit de produire du texte tous les jours, donc à n’importe quel prix. Cette attitude est plutôt douteuse, et peut même être assez ravageuse, car on a vu des hommes honnêtes, et qui avaient servi de cible, ne pas se relever d’un tel malentendu.
À la deuxième correspondent les ignares auxquels on peut faire avaler n’importe quoi. Ce sont les clients tout désignés des journaux télévisés ou du Café du Commerce. Gobant tout et surtout n’importe quoi, ils font le succès des auteurs appartenant à la catégorie ci-dessus décrite.
À la première catégorie se rattachent les politiciens, qui se servent de l’ignorance du public comme d’une arme pour abattre un adversaire politique.
Un exemple ? Très simple. On se souvient que Bertrand Delanoë avait publié, le 22 mai 2008, un livre, De l’audace, dans lequel il se définissait comme « libéral ». De la part d’un socialiste, c’est plutôt le contraire qui serait étonnant, mais l’occasion était trop belle de jouer sur les mots, et ses adversaires politiques, ravis de l’aubaine, s’en sont donné à cœur joie pour fustiger ce qu’ils affectaient de prendre pour un reniement politique. Quant à ses gentils camarades du Parti Socialiste, pas vraiment ravis de sa popularité d’alors et qui redoutaient de le voir élu Premier secrétaire au congrès de l’automne, ils lui ont joyeusement savonné la planche, quoique moins ouvertement que les gens de droite. Injustement soupçonné d’un virage à droite, Delanoë a dû abandonner tout espoir de diriger le PS, donc de poser sa candidature à l’élection présidentielle en 2012. Pas plus difficile que ça, un mot avait suffi.