Le taser n’est pas sans recul

Publié le par Yves-André Samère

Qui ne connaît pas le taser, cette merveille de technique faisant honneur à notre civilisation ? Au cas où quelques attardés se seraient égarés sur cette page, rappelons qu’il s’agit d’un pistolet qui, au lieu d’envoyer des balles, balance des décharges électriques pouvant atteindre 50 000 volts, à peine la moitié de ce que pouvait produire Gilbert Bécaud.

Bref, ce gadget avait semblé indispensable à notre gouvernement – composé d’humanistes, comme l’on sait. Et il avait décidé d’autoriser certaines villes à en équiper sa police municipale, par décret du 22 septembre 2008. Mais le Conseil d’État a dû suivre l’exemple de Brassens : le 22 septembre, il s’en fout ! De sorte qu’il vient aujourd’hui d’annuler ce décret, pour la plus grande gloire du gouvernement en général et de Michèle Alliot-Marie en particulier, qui était ministre de l’Intérieur au moment de la signature de ce papelard.

Une dizaine de villes avaient posé leur candidature à cette chaise électrique ambulante. En voici la liste, pour la plus grande fierté de leurs habitants : Nice (20 tasers pour 236 policiers municipaux), Mandelieu-la-Napoule (3 tasers pour 46 policiers), Romans-sur-Isère (1 seul malheureux taser, on ignore pour combien de tireurs d’élite), Castelginest (2 tasers pour 2 policiers, pas de jaloux), Montrable (idem), Woippy (nombre de tasers inconnu par le préfet ! pour 16 policiers), Calye-Souilly (1 taser pour 5 policiers, ils vont se battre), Émerainville (1 seul taser pour 2 policiers), Étampes (1 seul taser pour... 9 policiers !), Vigneux-sur-Seine (6 tasers pour 7 policiers, ils vont tirer au sort celui qui n’aura rien) et Rueil-Malmaison (3 tasers pour 12 policiers). Dans cette dernière localité, le maire est Patrick Ollier, qui est, comme on dit pudiquement, le « compagnon » de MAM. Dans un couple, les petits cadeaux entretiennent l’affection.

Autre détail pittoresque : deux villes de droite avaient commandé le gadget, mais elles sont passées à gauche depuis, et elles ont annulé leur commande. Espérons que c’était plus facile qu’à La Redoute.

Il faut reconnaître que le taser peut se révéler utile dans certains cas extrêmes de terrorisme et de prise d’otages, à condition d’être mis entre les mains de gens compétents et bien formés. Or ce n’est pas le cas des policiers municipaux, qui peuvent être n’importe qui, leur sélection étant à la discrétion du maire. Et le décret de MAM était muet là-dessus !

L’arme quasi-fatale pourra toujours être fournie à la police nationale, et le ministère de l’Intérieur reconnaît qu’elle équipe entre 3700 et 4000 policiers. Nous voilà com-plè-te-ment rassurés !

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