Les prénoms recherchés
Habituellement, c’est dans les classes les moins favorisées de la population que les enfants reçoivent de leurs parents des prénoms bizarres, alors que les gens aisés n’utilisent que des prénoms traditionnels. Si, chez les Sarzozy, on se prénomme Nicolas, Pierre, Jean ou Louis, si, chez les Beigbeder, on se satisfait d’avoir des garçons appelés Charles ou Frédéric, chez les pauvres, en revanche, pullulent les Kevin, les Brandon, les Sue Ellen et les Barbara – influence évidente des feuilletons télévisés venus d’Outre-Atlantique. Et si, naguère, en France, la loi interdisait de donner à un enfant un prénom étrange ou ridicule (en général, on se basait sur le calendrier), il n’existe aucune loi de ce genre aux États-Unis, où tout est admis, sans doute au nom de la liberté d’expression. C’est d’ailleurs à cette absence de législation qu’une des filles d’Orson Welles a eu reçu un prénom masculin, Christopher, parce que son père voulait un garçon ! (De guerre lasse, elle a transformé ce prénom en Chris)
Puis la loi est tombée en désuétude en France, et tout est devenu autorisé. On se souvient de cette malheureuse gosse que ses parents avaient prénommée Mégane, d’après le nom d’un modèle de voiture ! Mais enfin, comme dit plus haut, toutes les couches de la population n’étaient pas touchées, et les gens un peu cultivés avaient à cœur de se tenir loin du ridicule.
Eh bien, apparemment, c’est fini, car on a su, par « Le Canard enchaîné » de cette semaine, que Cécile Duflot, qui est secrétaire nationale du parti des Verts et maire-adjointe de Villeneuve-saint-Georges, et qui sera l’an prochain candidate aux élections régionales, après avoir appelé Anémone sa première fille, a prénommé sa deuxième du doux nom de... Térébentine ! La malheureuse enfant n’a que deux ans, elle a encore quelques années avant de se voir martyrisée par ses camarades dans une cour d’école.
Si un garçon naît ensuite à madame Duflot, je suggère qu’elle l’appelle « Coton Hydrophile » ou « Préparation H » !