Soignez vos incises !
Rions un peu.
J’ai déjà eu l’occasion, me semble-t-il, de dire l’importance de la ponctuation dans une phrase : ne pas ponctuer, ou ponctuer mal, peut modifier le sens de ce qu’on dit. Tout particulièrement lorsqu’il s’agit d’une incise, c’est-à-dire d’un élément de phrase inséré dans le texte mais qui pourrait être supprimé. Voici un exemple banal, tiré d’un roman policier écrit par Jean-Louis Debré ! Oui, l’ancien ministre de l’Intérieur, ancien magistrat, ancien président de l’Assemblée nationale, et président du Conseil Constitutionnel – toutes occupations qui paraissent lui laisser des loisirs. Or on peut être tout cela et, en écrivant, commettre des maladresses qui produisent un effet comique.
Ainsi, dans la description qu’il fait d’une femme secrétaire d’État, on peut lire ceci : « Élégante, coiffée avec un chignon, bronzée, en pantalon beige clair et pull rouge, un foulard assorti à son pantalon noué autour du cou, je suis une nouvelle fois subjugué par son charme ». Bien. Et maintenant, considérez le milieu de la phrase : « un foulard assorti à son pantalon noué autour du cou ». Est-ce que cette dame ne semble pas avoir noué son pantalon autour de son cou ? On a des mœurs bizarres, dans les ministères !
Évidemment, cette bourde aurait été évitée si Debré avait mis son incise entre deux virgules, comme on doit le faire, c’est-à-dire ainsi : « Élégante, coiffée avec un chignon, bronzée, en pantalon beige clair et pull rouge, un foulard, assorti à son pantalon, noué autour du cou, je suis une nouvelle fois subjugué par son charme ». Ce très simple procédé permet de comprendre que le pantalon de la donzelle est sans rapport avec ce qui est noué autour du cou !