À double tour
Le cinéma en salles est devenu si mauvais (quelle chute, depuis une dizaine d’années !), qu’on se rabat sur la télévision, qui passe aussi des films, et souvent excellents, parce qu’ils datent de quelques lustres – ce n’est pas du passéisme, c’est une évidence, et je connais un ou deux critiques de cinéma qui ont quitté le métier, parce qu’ils ne trouvaient plus rien à dire. D’ailleurs, Spielberg et Lucas ont dit la même chose l’année dernière, Spielberg fait surtout des séries télévisées avec son ami Tom Hanks, et Lucas a revendu ses studios à Disney !
Évidemment, pour voir les films dont je parle, il faut avoir accès à autre chose que la TNT, qui est un sous-produit de chaînes à bon marché. Je crois bien n’en avoir jamais regardé une, car, entre les rediffusions et les films doublés, ça donne le vertige : hier soir, Paris Première, qui n’est pourtant pas une chaîne de la TNT puisqu’elle est payante, a repassé Le trou normand, film où Brigitte Bardot a débuté en 1952, et dans lequel Bourvil la giflait. Or ces sagouins ont colorié le film (il faut dire « colorisé », pour faire moderne).
Ce soir, je regarderai sur Ciné+ Classic un des tout premiers films de Claude Chabrol, À double tour, daté de 1959, une grande année. C’est son troisième film, et le premier dans lequel il étrille la bourgeoisie, exercice dont il a fait ensuite sa spécialité (il pouvait, c’était sa classe sociale d’origine). Les bourgeois de son film sont incarnés par Madeleine Robinson et Jacques Dacqmine, qui jouent de parfaits salauds. En bonus, il y a Jean-Paul Belmondo, qui montre ses fesses pour l’unique fois de sa carrière. Soit dit pour les collectionneurs de raretés (si vous êtes intéressé, voir ICI).