À l’école, plus de notes ?

Publié le par Yves-André Samère

On nous dit que le mannequin de vitrine qui fait actuellement office de ministre de l’Éducation nationale a l’intention de supprimer les notes à l’école, et de remplacer tout ça par... des couleurs – quoique j’ai du mal à croire ce détail. Mais rien d’étonnant, c’est une grande tradition française. Quand tu deviens ministre de l’Éducation nationale en France, tout se passe en trois actes : acte I, tu casses tout ce qu’ont fait tes prédécesseurs ; acte II, les syndicats hurlent ; acte III, le président te remonte les bretelles (si tu es un homme), et tu ranges ton projet dans un tiroir.

Ledit projet, la suppression des notes, répondrait, selon les éléments de langage qui circulent en ce moment, à la préoccupation d’abolir toute compétition entre les élèves, vu que ça traumatise. Bien. Mais, de mon côté, je souhaiterais vivement que quelqu’un réfléchisse trois minutes, ou fasse appel à un type un peu doué en mathématiques, qui sache faire la distinction entre classer et ranger. Vous ne suivez pas ? Alors j’explique.

Suppose que tu sois professeur de quelque chose, et peu importe de quoi. Quand tu corriges un devoir de tes élèves, tu mets des notes, et il y a ceux qui écopent d’un zéro ou de tout autre note peu brillante ; il y a ceux qui ont la moyenne, autour de 10 ; et ceux qui ont 15, ou 17, voire 20 sur 20. Cela établit dans la classe autant de catégories d’élèves qu’il y a de notes différentes, ce qu’on appelle des classes (rien à voir avec la salle de classe ; une classe, dans ce cas, c’est le sous-ensemble des élèves qui ont la même note). Or le fait de classer les élèves n’implique pas du tout, en dépit du vocabulaire, que tu leur donnes un classement : premier, deuxième, troisième, etc. Ça, ce n’est pas classer, ça s’appelle ranger, et ce verbe  vient de rang.

Eh bien, je ne vois pas du tout ce qui t’oblige, lorsque tu rends leurs devoirs à tes élèves, à clamer quelle note chacun a obtenu ; encore moins, à te payer la tête de ceux qui en ont décroché une mauvaise. Par conséquent, le classement existe dans ta tête, mais tu ne le divulgues pas ! Aucune raison de traumatiser qui que ce soit.

Tous les professeurs reconnaissent cette évidence, et beaucoup pratiquent ce système afin de ne vexer personne. Mais le ministre chargé de gérer leur carrière ne sait rien de tout cela.

Publié dans Absurdités

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

Y
Le tutoiement était générique. Et c’est mon côté populo.<br /> <br /> Pour ce qui est de calculer une moyenne de lettres ou de couleurs, je contacte tout de suite le CNRS.
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Y
C’est évident, que les élèves, et surtout leur travail, doivent être notés. Comment appércier leur évolution, sans cela ? Mais, comme je le dis dans mon article, ces notes peuvent rester<br /> confidentielles.<br /> <br /> Pour ce qui est de l’ignorance de nos décideurs, ce n’est pas une nouveauté. Dans les ministères, des hauts fonctionnaires choisissent les options en fonction de la direction du vent, et les<br /> ministres, qui n’y connaissent généralement rien, signent ce qu’on leur présente. Souvent, ils s’en mordent les dents après, quand on les vire.
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Y
Je ne pratique pas le C++ ni le C#, mais je me suis servi du Basic, du Pascal et de la plupart des assembleurs.<br /> <br /> Les mauvaises notes en classe ? Pas connu, sauf un 4 en arabe en fin d’année de première. De toute façon, rien ne peut me traumatiser.
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D
Bon, voilà que je commence à dire "de mon temps"... donc, il y avait des notes de 1 à 20, des bons points, des prix, des prix d'excellence, des tableaux d'honneur, enfin toutes sortes de<br /> récompenses pour les meilleurs. Jamais je ne me suis sentie humiliée, même si certaines notes auraient dû être négatives, je pense.<br /> Quoiqu'on fasse, il faut bien noter un élève pour que lui-même sache s'il a des efforts à faire, ou s'il a assimilé les cours. Enfin, il me semble, je ne suis pas enseignante.<br /> Souvent là-haut, dans les brumes du pouvoir, on ne consulte pas les premiers concernés. On croit, au vu de rapports faits aussi par les gens de là-haut, cerner le problème... Même en entreprise le<br /> problème est identique : il te me vous collent un matériel ou des instructions à côté de la plaque, car cela les humilierait de dire "qu'en pensez-vous, vous qui allez utiliser ces outils ?".
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T
Ah parce que maintenant tu me tutoies!<br /> J'ai deux question à poser à madame NVB si vous la croisez dans la rue ou chez Hermès:<br /> 1- Comment fait-on la moyenne annuelle d'un élève à partir de lettres ou de couleurs?<br /> 2- A-t-elle au moins pensé à utiliser des notes de musique?
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K
J'ai toujours connu les notes [0..20] et je ne me suis jamais senti humilié par une "mauvaise note". Après j'ai vu arriver les A, B... .<br /> Puis certains professeurs ont inventé les A++, A+, A, A-, et A--. Ils ont donc recréé 25 niveaux au lieu de 20. Magique !<br /> <br /> Personnellement j'en suis resté au C++ ou au C# :-)
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