Absent de Paris
Le matamore De Gaulle faisait la leçon à tout le monde, et surtout aux grandes puissances qui l’avaient aidé pendant la Deuxième Guerre Mondiale. Mais il savait, dans sa grande sagesse, s’aplatir devant les petits dictateurs. Ainsi, cet exemple glorieux : en novembre 1967, le Premier ministre de Syrie, un certain Youssef Zouayen, est en voyage officiel en France, et il doit visiter les usines Renault, à Flins, en Seine-et-Oise. Les journaux racontèrent qu’il y fut reçu par le directeur de l’usine, M. Diriec, mais ils mentionnèrent aussi que le directeur général de Renault, Pierre Dreyfus, était « absent de Paris ».
Bizarre... La veille, Dreyfus avait annoncé qu’il serait présent. Oui, mais le Syrien avait horreur d’avoir un Juif dans son champ de vision, et c’est le gouvernement français qui avait, euh... invité M. Dreyfus à se faire porter pâle.
Le gouvernement de l’immense Général ne faisait qu’imiter celui de 1938 : cette année-là, Joachim von Ribbentrop, ministre des Affaires Étrangères d’Hitler, était en visite à Paris. Or notre ministre des P.T.T., Georges Mandel, était juif, et le chef du gouvernement le pria d’être « absent de Paris ».
L’Histoire est un éternel recommencement.