Albert Jacquard

Publié le par Yves-André Samère

Une fois par an, nous sommes gratifiés d’un sondage, d’une importance extrême, qui nous apprend quelle est la personnalité que nous préférons. Convenez que nous ne pourrions pas vivre sans cela.

Généralement, « la personnalité préférée des Français » (quels Français ?) est, soit un sportif qui a quitté le sport depuis une petite trentaine d’années, soit un chanteur qui n’a sorti aucun disque depuis dix ans. Quand ce n’est pas un cumulard, un sportif qui s’est reconverti dans la chanson pour boîte de nuit.

Eh bien, si on m’avait posé la question, j’aurais sans doute choisi Albert Jacquard, qui est mort avant-hier. Justement, on cherche qui mettre au Panthéon, pourquoi pas lui ? Personnalité tout à fait étrange, c’était un scientifique, un généticien, qui se mêlait d’action sociale, et se permettait de contester le concept de propriété intellectuelle, un point qui intéressera tous les pirates amateurs. Je me demande si, depuis Jean Rostand, on avait connu un aussi sympathique emmerdeur.

Je ne commente pas ce décès, lisez vos journaux, et me contenterai de relever cette incongruité médiatique : ce matin sur France Inter, Thomas Legrand a consacré sa chronique quotidienne à Jacquard, et beaucoup insisté sur le fait qu’il était opposé à l’esprit de compétition. C’est tout à fait vrai, mais Legrand a réussi l’exploit de ne citer aucun  livre de Jacquard traitant de ce thème. Faisons-le à sa place : Halte aux Jeux !, publié en 2004, petit livre de 117 pages paru chez Stock, que vous lirez en une heure, difficile à trouver (sur Amazon, au format numérique, très cher sur papier, ou alors d’occasion). Ce livre, qu’évidemment j’ai lu sinon je n’aurais pas le culot d’en parler, dézingue joyeusement les Jeux Olympiques, mais aucun organe de presse n’a pris la peine de le citer quand c’était le moment. Probable que les journalistes n’en ont jamais entendu parler. En tout cas, il gênait.

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :