Article carrément opportun

Publié le par Yves-André Samère

Heureusement, les tics de langage ne vivent pas éternellement. L’envahissant au niveau de a presque totalement disparu des conversations, ce qui est peut-être dommage, car j’avais entendu une ethnologue distinguée (tous les ethnologues sont distingués ; avez-vous déjà eu vent d’un ethnologue vulgaire ?), de retour d’on ne sait trop quel pays de sauvages, disserter à la télé sur « la circoncision au niveau des jeunes garçons », et je m’étais demandé à quel niveau elle situait la chose.

Il y eut aussi cette mystérieuse disparition du mot « oui » dans les cours de lycée. À la place, on déversait dans nos oreilles des torrents de « C’est clair », qui contamina une fraction non négligeable de la population (censée) adulte.

Or, bien que ce ne soit pas clair au niveau des causes, il semble que c’est clair ait laissé la place à carrément – qui, pourtant, présente cet inconvénient d’avoir une syllabe de plus. Et cela donne des dialogues d’une richesse inattendue :

– On va au ciné, ce soir ?

– Carrément.

– En attendant, moi, j’ai la dalle. Pas toi ?

– Carrément.

– Alors, on va au McDo se taper un burger ?

– Carrément.

On peut toujours ouvrir les paris sur ce qui succèdera à cette trouvaille, dans cinq ou dix ans. Moi, ça m’excite. Carrément.

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

Y
J’aurais plutôt dit que ça déchire sa race !
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K
put1 sa tape sa mère , ton truc
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K
c'est assez clair , comme les exposés du Dr CAC en trois lettres ......
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J
"Grave" !
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Y
Le « trop » sévit depuis plus longtemps, alors que le « carrément » est relativement récent.
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J
Le "trop" est déjà bien placé dans la course derrière "carrément".
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Y
Commentaire très pointu, comme disait John Le Carré.
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D
Rondement?
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