Assassinat ?
Pascale Clark n’est sans doute pas la meilleure journaliste de radio, mais comme elle bénéficie, notoirement, de la protection du directeur de France Inter, celui-ci ne la convoquera pas pour lui remonter les bretelles (en porte-t-elle, seulement ?). Et pourtant, elle si prompte d’ordinaire dans le harcèlement de ses invités, elle n’a pas, ce matin à huit heures moins dix, rectifié une erreur répétée de celui qu’elle recevait.
Il s’agissait d’un jeune homme prénommé Clément (son nom de famille n’a pa été prononcé), et qui appartenait au même groupe antifasciste que Clément Méric. Bien sûr, l’entretien porta sur la mort de ce dernier, or le garçon, une bonne dizaine de fois, a qualifié le meurtre d’assassinat.
Clément Méric n’a pas été assassiné. Le mot assassinat, de nos jours, est réservé à un meurtre avec préméditation. Les dictionnaires un peu anciens parlaient de « guet-apens », ce qui impliquerait que le meurtre avait été prévu et préparé. Or le meurtre de Clément Méric n’a pas été prémédité, il est survenu à l’issue d’une bagarre qui a été éclaté fortuitement entre deux groupes rivaux politiquement, sur les lieux d’une vente de vêtements, en plein centre de Paris.
Franchement, si vous préméditiez de vous débarrasser d’un ennemi, vous feriez ça en public, dans un lieu où les passants se bousculent ? Ce n’est pas l’avis du juge d’instruction, qui n’a pas qualifié le meurtre d’« assassinat ».
Je ne peux pas croire que Pascale Clark n’a jamais ouvert un dictionnaire de toute sa vie et qu’elle ne possède pas non plus quelques notions de droit. Or le fait d’avoir laissé marteler ce mot inadéquat une dizaine de fois et sans réagir à aucun moment indique qu’elle a pris parti. C’est un comportement anti-journalistique. Albert Camus ajouterait peut-être – citation incertaine – que « Mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur de ce monde » (1944, Sur une philosophie de l’expression).